[ CULTURE/LOISIR ] 35 parlementaires signent une tribune contre la corrida

3 août 2021 à 12h19 par christophe Vial

[ CULTURE/LOISIR ] 35 parlementaires signent une tribune contre la corrida
comm' pour le président de l'observatoire national des cultures taurines. Photo archives V. farine

Interdisons la corrida, et vite." C'est le titre d'une tribune parue ce dimanche dans le JDD, et signée par 34 députés et un sénateur des groupes LREM, MoDEM, Agir et LR. Pour ces élus, "la question de la condition animale n'a jamais été aussi présente sur la scène politique française et européenne, et les nombreuses mesures annoncées ces derniers mois par le gouvernement et le parlement témoignent d'une prise de conscience accrue concernant la protection des animaux." Dans ce contexte, "il est intolérable que des corridas se déroulent encore en toute impunité dans quelques régions françaises au nom d'une tradition locale", fustigent les 35 parlementaires. Ce principe de "tradition locale ininterrompue", sacralisé par l'alinéa 7 de l'article 521-1 du Code pénal qui instaure, légalement, le fait que la corrida ne soit pas assimilée à des actes de cruauté envers des animaux, est fortement critiqué par les signataires. "La corrida est une pratique barbare et n'est pas digne du pays civilisé dont nous sommes les élus," plaident-ils.

Si on regarde de plus près la liste des parlementaires qui ont signé le texte, on peut remarquer que la quasi-totalité d'entre eux ne sont pas élus sur une terre taurine. Ce qui fait bondir André Viard, président de l'Observatoire national des cultures taurines. "Ils s'autorisent à stigmatiser une culture qu'ils ne connaissent pas, et la communauté de ceux qui la partagent. C'est grave. Dans l'idée, il s'agit d'interdire une culture qui n'est pas la leur !", lance-t-il.

Quand bien même, la députée aixoise Anne-Laurence Petel, membre du groupe d'étude sur la condition animale à l'Assemblée nationale, s'estime légitime pour mettre le sujet sur la place publique, au moment où les corridas retrouvent certaines arènes hexagonales en cet été 2021. "J'ai conscience qu'en signant ce genre de tribunes, je peux avoir des électeurs ou des Marcheurs qui ne seront pas du même avis que moi. J'entends quand on me dit que ce sont des traditions importantes, je conçois que l'on puisse être attiré par le décorum et la ferveur. Mais il n'empêche que quand vous vous intéressez à la condition animale, peu importe la tradition, il faut faire en sorte d'avancer sur la question des mauvais traitements aux animaux", estime-t-elle. Et tant pis si cela déplaît aux députés de la majorité issus des villes où la tauromachie a droit de cité. "Mon combat n'est pas à géométrie variable. Au motif qu'il s'agit d'une tradition, je ne tournerai pas la tête et ne ferai pas comme si cela n'existait pas, affirme Anne-Laurence Petel. Moi, je suis sur une terre où il y a beaucoup de chasseurs, un mois avant les élections municipales (elle était candidate à Aix, Ndlr) j'ai signé une tribune pour mettre fin à la chasse à la glu. Mon combat n'est pas électoraliste. J'ai une conviction profonde concernant le bien-être animal."

"On prépare le terrain"

Sur une éventuelle interdiction de la corrida, la députée aixoise reste néanmoins lucide. "On sait que la partie sera difficilement gagnable, mais en portant la cause de manière régulière... Les Français sont concernés par le bien-être animal, c'est ce qui a fait bouger le gouvernement sur ces sujets-là. C'est un travail de longue haleine, et pour la corrida, c'est à force de persuasion que l'on arrivera à faire bouger les choses", avance Anne-Laurence Petel. Pour Claire Starozinski, présidente de l'Alliance anticorrida, il ne faut effectivement pas attendre d'annonce concernant la corrida sur cette fin de mandature d'Emmanuel Macron. "Mais ces élus préparent le terrain pour la suite. Au moment où la corrida reprend, on voit que des parlementaires de tous bords sont capables de s'allier pour demander son interdiction, glisse-t-elle.

Mais pour André Viard, il n'y a pas de quoi s'affoler, avec cette énième tribune contre la corrida. Déjà, parce qu'il faut relativiser le nombre de parlementaires, "35 sur 925", rappelle-t-il. Ensuite, parce que "ce sont toujours les mêmes, avec les mêmes meneurs, Aurore Bergé, Samantha Cazebonne, Loïc Dombreval... Ils ressassent toujours les mêmes choses, mais ils ont systématiquement échoué, échoué à interdire la corrida, les écoles taurines, à instaurer l'interdiction d'accès aux arènes aux mineurs... Ce sont des loosers qui cherchent à prendre la lumière, et ils profitent de la communication de la fondation Brigitte Bardot", tacle le président de l'Observatoire national des cultures taurines. Qui a beau jeu de rappeler, encore une fois, "que la corrida est une culture inscrite dans la loi".

 

[ la provence ]