[ Société ] Suicide assisté et euthanasie : l'Assemblée nationale adopte la loi sur l’aide à mourir ?

L’Assemblée nationale a adopté en première lecture la loi sur l’aide à mourir, légalisant le suicide assisté et l’euthanasie en France ?

Modifié : 28 mai 2025 à 12h33 par
Camille .

[ Société ] Suicide assisté et euthanasie

L’Assemblée nationale vote une avancée majeure sur la fin de vie

Après cinquante ans de débats et de controverses, l’Assemblée nationale a franchi un cap historique en adoptant, mardi 27 mai, en première lecture la loi sur l’aide à mourir. C’est une première en France : le suicide assisté et l’euthanasie sont désormais légalisés sous certaines conditions strictes. Cependant les termes « euthanasie » et « suicide assisté » n’ont pas fait leur entrée dans la loi,  les expressions moins anxiogènes et moins clivantes d’« aide à mourir » et « auto-administration » du produit létal leur ont été préférées. Cette évolution du droit marque un tournant majeur dans la gestion de la fin de vie et alimente un débat sociétal intense.

 

Deux textes complémentaires votés

Deux volets législatifs ont été approuvés :

  1. Un texte visant à renforcer les soins palliatifs, avec un investissement accru dans les structures d’accompagnement et un meilleur accès aux traitements de la douleur. (560 voix pour, 0 contre)

  2. Un second texte sur l’aide active à mourir, qui encadre la possibilité pour certains patients de demander l’euthanasie sous conditions. (305 voix pour, 199 contre)

Ces mesures concernent des situations bien définies, encadrées par des professionnels de santé et un cadre juridique strict, afin d’éviter les dérives tout en respectant la volonté des patients. 

Pour pouvoir accéder à l’aide à mourir, les patients devront répondre à cinq critères stricts. Ils devront être majeurs, de nationalité française, et atteints d’une affection grave et incurable engageant le pronostic vital, en phase avancée ou terminale. Ils devront également éprouver des souffrances physiques ou psychologiques insupportables, directement liées à cette affection. Enfin, ils devront être jugés aptes à exprimer leur volonté de manière libre, éclairée et répétée dans le temps.

En parallèle, la première proposition de loi vise à renforcer les soins palliatifs, afin d’offrir un accompagnement humain et médical de qualité jusqu’au bout de la vie. Elle est présentée comme un contrepoids éthique au nouveau droit à une mort choisie, garantissant que l’option de l’euthanasie ou du suicide assisté ne soit jamais une réponse par défaut à un manque de prise en charge.

 

Une loi encore en débat au Sénat

Le texte ne sera définitif qu’après son examen par le Sénat, attendu dans les prochaines semaines. Des ajustements sont encore possibles, notamment sur les critères d’éligibilité et les modalités d’accompagnement médical.

En attendant, le débat se poursuit dans la société civile, les milieux médicaux et les sphères politiques. 

 

Entre éthique, liberté et responsabilité

L’adoption de cette loi en première lecture constitue une avancée pour le droit à mourir dans la dignité, tout en posant des questions profondes sur l’éthique médicale, la souffrance et l’autonomie des patients. La suite des discussions au Sénat sera déterminante pour le futur cadre légal français en matière de fin de vie. 

Les soignants opposés à la loi, réunis au sein du collectif Soins de vie, estiment au contraire que la France vient d’adopter l’une des législations les plus permissives au monde en matière de fin de vie. " Plus qu’une réponse à quelques situations de souffrances, cette proposition de loi instaure un nouveau droit qui va au-delà des situations de fin de vie ", alerte le collectif, qui rassemble une vingtaine d’ordres professionnels et de sociétés savantes.