[ SOCIETE ] Arles : les fondations d'une RN113 "newlook" sont posées

28 juillet 2021 à 12h39 par Nicolas Barbaroux

[ SOCIETE ] Arles : les fondations d'une RN113 "newlook" sont posées

L'un ne va pas sans l'autre. Si la requalification de la RN113 est envisagée par la municipalité, ce projet est étroitement lié à celui du contournement autoroutier. Alors que ce dernier dossier avance pas à pas, la Ville a engagé les démarches pour que la RN113 devienne un boulevard urbain. Autrement dit, faire en sorte que cette voie s'intègre un peu plus dans la commune.

 

Voilà quelques jours, une première réunion de concertation a eu lieu avec les Arlésiens (une cinquantaine), avant d'autres rendez-vous prévus d'ici à la fin de l'année. Si le maire Patrick de Carolis a accéléré le projet, c'est qu'il a insisté sur l'urgence de supprimer "cette barrière, cette saignée qui coupe la ville en deux" pour construire ce que l'élu appelle avec emphase "l'Arles de demain". Une question de sécurité également pour l'édile, qui a rappelé que "220 accidents sont à déplorer sur cet axe tous les ans. Un jour, on aura un drame". Autant d'arguments qui rendent nécessaires la révision de cette voie selon lui.

"Les connexions avec d'autres quartiers seront améliorés"

Selon les études conduites autour du futur contournement autoroutier, celui-ci devrait faire chuter le nombre de véhicules sur la RN113 de 73 000 à 32 000 par jour en 2028. Même si ce chiffre apparaît toujours très élevé et a suscité des réserves, notamment dans les rangs de l'opposition au Conseil municipal (voir notre édition du 7 juillet), l'occasion semble idéale pour revoir l'utilisation de cette voie avec, comme principes majeurs, désenclaver certains quartiers (Barriol, Trinquetaille), améliorer le transport public, valoriser le port de plaisance ou encore mettre en lumière le patrimoine urbain. "Si on veut reconquérir Barriol par exemple, avec un investissement de plusieurs millions d'euros, on ne peut pas le faire si on garde cette muraille de Chine qui sépare ce quartier du reste de la ville, a souligné Patrick de Carolis. C'est un acte majeur du développement d'Arles". Une démonstration appuyée par Frédérique Reffet, du Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), qui va accompagner la Ville durant le projet.

Avec son équipe, elle a divisé les 13 km de cet axe routier en six sections, qui pourront être approfondies (des secteurs d'approche avec la "tête de Camargue" autour du rond-point du Vittier et "Pont de Crau", deux sections d'entrée de ville avec l'approche du centre d'Arles - Trinquataille entre autres - et deux autres plus denses avec la zone urbaine et celle de Fourchon). "Ce sont des secteurs à fort potentiel de développement, où les connexions avec d'autres quartiers seront améliorés et les transports collectifs seront développés", a indiqué Frédérique Reffet. Cette présentation n'a pas manqué de faire réagir.

Dans le public, certains habitants ont souligné leurs problèmes quotidiens (trafic dense, nuisances, éloignement avec le centre-ville). "On constate un accroissement du trafic tous les jours à Pont de Crau, s'est alarmé un riverain. Notre quartier est enclavé entre la rocade et la RN113". Un peu plus tard, un autre habitant observait que "nous ne pouvons pas faire le tour d'Arles, pourquoi pas un pont au nord ?" alors qu'un riverain proposait de réduire la vitesse en ville.

"Cela fait partie des mesures envisagées autour de la requalification, a confié Marie-Amélie Ferrand- Coccia, conseillère municipale en charge des transports. Libérer la voierie permettrait d'avoir une capacité de traverser le Rhône que nous n'avons plus. Récupérer une infrastructure comme la RN113 constitute une opportunité incroyable. A condition que le projet de contournement se concrétise". Une étude de projection du trafic, prévue dans le cahier des charges, permettrait également d'envisager des solutions à très court terme, notamment pour alléger la circulation à Pont de Crau. Autant de pistes à explorer sur un projet engagé sur douze mois.

De belles promesses... sur le papier

Le Cerema a découpé cet axe routier en six secteurs, aux enjeux et aux objectifs bien différents. Un canevas séduisant, en théorie, en attendant sa mise en oeuvre concrète. Les prochaines réunions seront déterminantes pour mieux évaluer la faisabilité de certains projets.

Tête de Camargue

Cette portion de route, située sur la RN 572, voit passer 60 000 véhicules par jour. Le trafic dense provoque des ralentissements fréquents à hauteur du rond-point du Vittier, dont le fonctionnement doit être revu. Les liens avec Gimeaux, Salin-de-Giraud et Trinquetaille constituent également un axe de travail.

Trinquetaille

Au total, 1500 habitants vivent autour de cette voie. "Le marquage de l'entrée de ville pourrait être travaillé, tout comme la mise en valeur du bord du canal, l'installation de parkings relais ou encore le développement de transports collectifs liés à la réduction du trafic", indique Frédérique Reffet. L'objectif consiste à renforcer le lien entre ce quartier excentré et le centre-ville.

Centre urbain

C'est un point noir. Le trafic est très chargé à cet endroit, avec plusieurs entrées souvent encombrées. Sur ce secteur, des projets sont en cours (Action coeur de ville), qui pourraient être facilités avec cette requalification selon le Cerema, grâce à la mise en place de projets paysagers et d'espaces de mobilité douce. Le stationnement constitue un autre enjeu concomitant à cette requalification.

Barriol Plan du bourg

Des projets ont été imaginés dans ce secteur (port de plaisance, parc de logements), en lien étroit avec cette future requalification. "Ce ne sera possible que si ce dossier aboutit", a prévenu la technicienne du Cerema. La remobilisation de l'ancienne voie ferrée fait partie des pistes explorées pour favoriser les modes actifs (piétons, vélos). Tout cela pourrait participer au rapprochement de ces quartiers avec le coeur de ville.

Fourchon

Si la zone est moins peuplée, l'espace commercial crée une forte attractivité, et donc un trafic chargé. La future déviation de la RD35, portée par le Conseil départemental, offrirait une marge de manoeuvre pour alléger la circulation et améliorer le lien avec la zone commerciale ainsi qu'avec le Parc des ateliers et Luma.

Pont-de-Crau

La circulation est très dense, avec 13 % de poids lourds selon des études récentes. "Sur cette section, l'infrastructure crée des désordres hydrauliques", observe Frédérique Reffet. Le projet de requalification doit fluidifier le trafic, notamment pour désencombrer les dessertes vers Raphèles-les-Arles, Moulès ou encore le nord de la commune.

Pour l'instant, difficile d'y voir clair sur le projet global de boulevard urbain. Ces pistes de travail seront affinées au fur et à mesure des réunions de concertation.