[ POLITIQUE/ARLES ] Jean-Michel Jalabert, 1er adjoint à la mairie d'Arles : un "changement de philosophie" pour faire venir des entreprises

16 novembre 2021 à 11h56 par Christophe Vial

[ POLITIQUE/ARLES] Le 1er adjoint Jean-Michel Jalabert fait le point sur le développement économique

Il s'agissait d'un des axes majeurs de la dernière campagne des municipales. Le développement économique avait été érigé en priorité par la nouvelle équipe constituée par Patrick de Carolis, avec, comme chef d'orchestre, le premier adjoint au maire Jean-Michel Jalabert. Mais l'arrivée aux affaires a été perturbée par la pandémie de Covid 19, retardant de facto certains dossiers. Il a fallu, dans un premier temps, gérer l'urgence. Accompagner les entreprises grâce aux dispositifs type "Covid Résistance", qui ont permis d'aider 623 sociétés sur le territoire d'ACCM, dont 346 à Arles. Aujourd'hui, le spectre de l'épidémie s'éloigne. Et la Ville est prête à passer la vitesse supérieure, selon Jean-Michel Jalabert. Entretien.

Quelles ont été les premières actions de la municipalité dans le domaine économique, dans une période marquée par le Covid ?
Jean-Michel Jalabert :
Une fois gérées les urgences, et quand on a pu reprendre une vie à peu près normale, une grosse partie du travail a été de renouer un dialogue avec l'ensemble des acteurs économiques. J'ai rencontré depuis le début de l'année toutes les associations de zones d'activités d'Arles et d'ACCM. On a voulu leur signifier notre volonté de travailler avec eux. Les retours que j'avais eus m'indiquaient que précédemment, ce n'était pas une priorité. L'objectif, c'est de voir les problématiques sur les zones qu'ACCM gère. Donc, on essaye de dialoguer, de remettre un lien de confiance avec tout le milieu économique, et de faciliter au maximum leur quotidien et leur développement.

Les objectifs affichés étaient d'attirer des entreprises. Où en est-on ?
À l'agglo, on a mis en place une personne chargée de l'animation des zones commerciales, et un observatoire du foncier et de l'immobilier professionnel, pour faciliter l'implantation des porteurs de projets. On a aussi quelques zones à développer, le Fer à cheval, la zone du port... La Maison des entreprises, en zone nord, qui est gérée par ACCM, a aussi son importance. On y a installé une dizaine d'entreprises. Au 30 juin 2020, on avait un taux d'occupation de 56 %, début décembre on sera à 84 %. La vocation de ce lieu, c'est un hôtel d'entreprises avec loyer modéré pour permettre aux créateurs de s'installer pendant 3 ans, et de prendre leur envol.

On parle là de petites structures, mais la Ville va-t-elle accueillir de grosses entreprises ?
Sur la zone du Fer à cheval, sept parcelles vont être aménagées, et on va les commercialiser en début d'année prochaine. C'est un dossier qui traînait depuis des années. Normalement, début 2023, on devrait avoir les premières entreprises installées. On est sur des parcelles de 1500 à 5500 m², pour des sociétés de 15 à 20 salariés. La tranche 2 du Fer à cheval pourra ensuite être développée, mais ce ne sera pas avant trois ou quatre ans.

Pour la zone portuaire, on voit que ça bouge également... Ça bouge, parce qu'on a beaucoup de projets. Et si tous aboutissent, on ne devrait plus avoir un mètre carré de libre ! On a Electrosteel qui souhaite s'agrandir, et éventuellement créer une unité de production. On a Combronde, plateforme logistique de Nestlé Waters, qui finalise son installation. Et on a QCP avec un projet de 50 à 60 M€ d'investissement, une cinquantaine d'emplois, et on aura sur Arles une des usines en Europe les plus modernes et performantes pour le retraitement du plastique.

Arles retrouverait ainsi des emplois industriels qualifiés...
Ce sont des industries comme on n'en avait plus sur Arles, et ce projet de QCP n'était pas dans les tuyaux quand on est arrivé. Tous ces projets avancent bien, si on arrive à faire le grand chelem et qu'ils s'installent tous, ce sera un beau succès. Et on peut même espérer aller jusqu'à 300 et 400 emplois créés dans cette zone-là. Ce sont des foyers, des familles, des gens qui paient des impôts, et c'est important dans une ville qu'il y ait des gens avec des revenus suffisants pour payer des impôts. Et auprès de l'agglo, c'est de la CFE (Contribution foncière des entreprises, Ndlr), et des retombées économiques.

Le schéma du tout tourisme, pour le développement économique de la cité, a donc vécu ?
L'ambition, c'est de diversifier. Le tout-tourisme, on l'a vu pendant le covid, quand on prend un stop... Ce qui crée de la richesse, c'est le développement économique. Si on veut avoir des ressources pour financer des services publics de qualité, de l'accompagnement et du social, on ne peut les avoir que si on a des entreprises qui se développent, qui rapportent de la CFE, qui font venir des foyers qui vont consommer et payer leurs impôts à Arles. C'est en générant des recettes comme ça que l'on va pouvoir relancer la ville.

Miser sur l'événementiel, cela fait partie de votre stratégie de diversification ?
Oui, on y croit. Les événements, cela implique des coûts, mais ce n'est pas une fuite en avant. L'objectif, c'est d'avoir des événements qui dynamisent cette ville, la fassent rayonner, et qui fassent venir du monde, en dehors des périodes de juin à septembre. Mais le but n'est pas seulement de braquer les projecteurs sur la ville, c'est d'avoir un retour sur investissement qui retombe dans l'économie arlésienne. Pour le beach volley (la finale des championnats de France était organisée fin septembre à Arles, Ndlr), la météo n'a pas été la meilleure alliée, mais il y a eu 7 000 entrées payantes aux arènes sur le week-end, avec 2500 personnes le dimanche. Pour la fédération de volley, c'est un succès. Après, on va mettre en balance le coût et les retombées, et voir si c'est quelque chose sur lequel on s'inscrit dans la durée. La décision viendra dans les mois qui arrivent.

Sur l'économie, quel bilan faites-vous de vos 16 premiers mois à la mairie ?
On peut toujours mieux faire, mais on a réussi des choses. Les 12 entreprises que l'on a installées à la Maison des entreprises, il y avait une volonté. Il faut aussi savoir que sur 2014-2020, ACCM avait installé neuf projets d'entreprises et vendu neuf terrains. On devrait être entre 10 et 12 à la fin de l'année avec des installations en cours. Les retours que j'ai eu, c'est qu'avant les gens n'avaient pas d'interlocuteur, ils ne sentaient pas d'intérêt. Le changement de philosophie, il est à ce niveau-là. Si on aide à développer les entreprises que nous avons, qu'on en fait venir de nouvelles, cela représente des recettes et du développement qui nous permettront de financer autre chose et de remettre la ville à niveau.

Vous avez les moyens d'accélérer encore dans ce domaine ?
Le but, c'est d'accélérer encore, de vraiment structurer les projets dans les tuyaux. Notamment Arles créative, où on a une très grosse ambition. En avril-mai, on veut avoir le premier événement lié à ce nouveau label, à ces filières, sachant que l'on a de la concurrence au niveau régional, à Marseille ou Avignon. Mais l'avantage que l'on a, c'est qu'en termes d'emplois sur ces filières-là, Arles est la première ville de la région. On a déjà des pépites, sur lesquelles on compte s'appuyer et qui sont la base du développement de ce projet. Il ne faut pas rater ce coche-là.

Source: laprovence.com

"Les Papeteries Etienne pourraient être une zone dédiée aux loisirs"

Quelle est l'ambition, pour les Papeteries Etienne ?
La première année, on a pu réfléchir, mais toute la période Covid ne nous a pas fait suivre un rythme normal. On a eu un peu de délais pour les 16 000 m² de droits à bâtir, c'était 2023 mais les services de l'État ont décalé à 2024. C'est une bonne nouvelle, car le but, évidemment, c'est d'y installer quelque chose. Ma plus grosse frustration, et je m'en suis rendu compte en arrivant, c'est que l'on a très peu de foncier pour envisager du développement économique. Donc cette zone-là, on veut la développer, et on a vraiment l'ambition de créer une continuité dans Trinquetaille, ou en tout cas un nouveau quartier à vocation économique.

Quelle serait la thématique ? On sait que les Rencontres ont une partie du site...
C'est acté, et ça ne changera pas. Les Rencontres ont leur espace réservé sur les Papeteries. Après, on a plusieurs projets possibles, mais une des thématiques que l'on pourrait retenir, c'est de faire une zone dédiée aux loisirs. Mais je parle encore au conditionnel, parce que je n'aime pas faire des effets d'annonce quand les choses ne sont pas bouclées. C'est un projet sur lequel on avance, avec un investisseur, donc du loisir avec des restaurants, des animations, pourquoi pas un bowling et des jeux indoor, avec un mix d'acteurs locaux et d'enseignes extérieures. Ce n'est pas gravé dans le marbre, mais la réflexion est assez avancée là-dessus.

Le multiplexe cinéma y aurait sa place ?
Pas forcément. Le multiplexe, on avance avec les acteurs locaux et les investisseurs identifiés. On a maintenant bien débroussaillé le terrain, on a identifié deux ou trois endroits. Les acteurs sont plutôt sur un multiplexe de centre-ville, parce qu'ils veulent mixer des grandes salles et les salles art et essai. C'est un travail en commun, on essaye de trouver la meilleure solution avec les contraintes de la Ville et les leurs.

Quel serait votre calendrier pour cette zone loisirs aux papeteries ?
La mise en route, ce serait dans l'année qui arrive, en tout cas sur la définition du projet. On a 16 000 m² de droits à bâtir, mais pour le reste il faut finaliser un projet pour engager une réflexion avec les services de l'État pour une révision du plan de prévention inondation. L'objectif, en plus de ces droits à bâtir, sera de récupérer des mètres carrés. On veut faire valider les travaux des digues, on pourrait ramener la bande RH (zone inconstructible, Ndlr) de 250 mètres à 100 mètres. On a commencé à en discuter, on doit leur présenter un projet, et ensuite c'est entre 12 et 18 mois pour la décision.

Plus question d'un pôle dédié à l'économie créative, aux Papeteries ?
Ce n'est pas une option totalement écartée. L'économie créative, nous avons un gros projet là-dessus, avec "Arles créative" que l'on a présenté il y a quelques semaines.

Mais il y aurait plus de sens à l'installer aux Minimes ?
On pourrait alors le mixer avec un campus, surtout si on veut y adosser des formations en relation avec ces filières. On voit en effet ça plutôt aux Minimes, et que ce secteur-là devienne la partie industrie numérique et créative, formation, étudiants...