[ SPORT - FOOTBALL ] 2005-2010 : L'ACA, ou la fureur de vivre

20 mai 2020 à 14h25 par sarah rios

RADIO CAMARGUE
Crédit : Ange Esposito

L'arrivée de Michel Estevan a révolutionné le club qui passe alors de CFA2 à Ligue 1.

NOTRE SERIE : Pour le 10e anniversaire de la montée de l'AC Arles-Avignon en Ligue 1, retrouvez chaque jour un épisode du passage de la comète ACA en professionnels

On ne sait pas trop où et quand est née l'expression "le groupe vit bien". Utilisée à tort et à travers, un peu fourre-tout, on serait pourtant prêt à parier qu'elle a été inventée pour décrire le collectif de l'Athlétic Club Arlésien à partir de 2005.

C'est le moment-clé où Patrick Chauvin, président du club depuis plus d'un an, appelle son ancien coéquipier Michel Estevan pour prendre en main la destinée de l'équipe fanion. Un coup de maître qui changera à jamais la face de l'institution fondée en 1913. La mayonnaise prend tout de suite. En s'appuyant sur "une ossature saine", le Tarasconnais va appliquer une méthode qui avait porté ses fruits à Beaucaire, grimpant de cinq divisions jusqu'en National en 2002. Amoureux des traditions et des taureaux, le Matador provençal va bâtir un groupe soudé en CFA2. Si le jeu tient évidemment une part importante dans la réussite à venir, l'état d'esprit insufflé y est pour beaucoup. "Quand Michel est arrivé, tout a changé, se souvient Jean-Luc Allouis, homme à tout faire du club, puis intendant à partir de 2009. Dès ce moment-là, on sentait que le groupe était bien né, qu'il allait se passer quelque chose. Pas de là à se retrouver en Ligue 1, personne n'y pensait, car on était un club convivial, familial. Mais les mecs avaient la volonté de prouver leur valeur, on sentait une vraie camaraderie."

Le succès est immédiat pour cette bande de "copains", comme beaucoup la qualifieront. Ils grimpent en CFA dès la première année et ne s'y attardent pas : ils connaissent une deuxième montée consécutive en 2007. Les voilà en National. La magie Estevan a déjà commencé à opérer.

Une équipe de potes soudée, animée par un fort sentiment de revanche

Après seulement deux saisons au 3e échelon et le 19e budget, l'ACA va déjouer tous les pronostics. Un véritable moteur pour se transcender et faire mordre la poussière aux prétendus cadors. En s'appuyant sur des vertus défensives, de combativité et de solidarité, la surprise se mue très vite en réussite. Le club, désormais présidé par Jean-Marc Conrad depuis quelques mois, validera son saut en Ligue 2 lors de la 37e journée : en inscrivant l'unique but de la rencontre face à Rodez (1-0) dans un stade Fournier incandescent, le feu follet Benjamin Psaume envoie logiquement les siens au paradis. Trente ans que toute la ville attendait ça. Mais cette fois, le défi est encore plus immense : l'ACA accède au statut professionnel. Son enceinte, bien trop petite (2 500 places) et vétuste, il se rapproche de la cité des Papes pour bénéficier de son Parc des sports, qu'il faut rénover . La SASP AC Arles-Avignon voit le jour à l'été 2009. "On a prouvé beaucoup de choses, se remémore aujourd'hui "Benji". L'argent ne faisait pas tout. On n'avait pas de gros salaires et les infrastructures étaient un peu à l'arrache. On se servait de ça en matches. Personne ne nous attendait."

Les Arlésiens grincent un peu des dents en voyant leur club, auquel ils sont viscéralement attachés, leur échapper. Mais ils continuent de traverser le Rhône ou la Durance pour venir supporter leurs favoris. Toujours sans le sou, l'ACA a le plus petit budget (5,7 millions d'euros), bien loin des 30 millions du mastodonte nantais. Le recrutement est malin. Précis. Judicieux. Cyrille Merville, Romain Reynaud, Romain Elie, Marvin Esor, Thomas Ayasse, Sébastien Piocelle, Deme Ndiaye, Maurice Junior Dalé ou encore Kaba Diawara débarquent. Soit la majorité de l'équipe type qui fera, une nouvelle fois, des miracles. "Je voulais des gens revanchards, touchés dans leur amour-propre et qui me correspondaient un peu aussi de par mon parcours en tant que joueur", rappelle Estevan. Le meilleur exemple est André Ayew. Prêté par l'OM, le jeune (20 ans alors) milieu de terrain ghanéen apportera un écot substantiel.

"On a prouvé beaucoup de choses. L'argent ne faisait pas tout"

Après avoir été giflé d'entrée par Laval en coupe de la Ligue (5-0), l'ACA resserre les rangs et commence le championnat par une victoire à Clermont (1-2), grâce à un but de Kaba Diawara. "Le club voulait des anciens pour encadrer l'équipe, se souvient le vétéran Guinéen. Je venais d'arriver mais j'ai tout de suite été intégré à ce collectif joyeux. On a vécu une année fantastique." Jamais au-delà de la 9e place, l'ACA finit en boulet de canon et, contre toute attente, joue les premiers rôles dans le sprint final. [ ... ] 

Retrouvez l'article complet ICI

Source: laprovence.com/Benoit Gilles avec Q.G