[ FOOTBALL ] Philippe Diallo propose une refonte radicale de la gouvernance

Face à la crise économique et structurelle du football français, le président de la FFF, Philippe Diallo, a présenté un projet de réforme majeur : suppression de la LFP, création d’une société des clubs, salary cap et nouvelles règles de gouvernance.

Modifié : 13 mai 2025 à 15h56 par César Chahat-Franco

Phillipe Diallo, Président de la Fédération française de football
Phillipe Diallo, Président de la Fédération française de football
Crédit : JULIEN DE ROSA / AFP

Le président de la Fédération française de football (FFF), Philippe Diallo, a dévoilé lundi 12 mai une série de mesures pour réformer en profondeur le football professionnel français, en crise financière et institutionnelle. La proposition la plus marquante : la disparition programmée de la Ligue de football professionnel (LFP), remplacée par une « société des clubs », entité commerciale directement pilotée par les clubs eux-mêmes. 

Ce projet intervient dans un contexte critique, marqué par un déficit cumulé de plus de 1,2 milliard d’euros en Ligue 1 et Ligue 2, des droits TV en chute libre et des tensions croissantes entre dirigeants de clubs. Lors d'une réunion exceptionnelle le 3 mars à la FFF, en présence de la ministre des Sports Marie Barsacq et des dirigeants du football, l’ampleur de la crise a été actée : dépendance excessive aux revenus audiovisuels, perte d’attractivité du championnat, piratage, modèle économique instable, et gouvernance éclatée. 

Dans sa conférence de presse, Philippe Diallo a estimé que « la LFP doit céder la place à une société commerciale dans laquelle les clubs seraient actionnaires ». Une évolution qui transformerait la LFP, aujourd’hui simple association, en une entité régie par le droit des sociétés. L’objectif : renforcer l’efficacité économique et la lisibilité de la gouvernance. 

Le projet s’inscrit dans le cadre d’une proposition de loi examinée le 10 juin prochain au Sénat, portée par Michel Savin (LR) et Laurent Lafon (UDI). Ce texte, très contesté par les ligues professionnelles, permettrait aux fédérations de retirer à ces dernières leur subdélégation de service public en cas de manquement grave à l’intérêt général. Si le texte est adopté, la FFF pourrait élargir son autorité, notamment via le transfert de la DNCG sous sa tutelle et l’instauration d’un droit de veto sur certaines décisions. 

La mise en place de cette nouvelle gouvernance n’interviendrait pas avant la saison 2026-2027, au mieux. En attendant, Philippe Diallo appelle les clubs à prendre leurs responsabilités : « Je propose des choses, j’attends des projets alternatifs. Vous avez entendu, vous, des gens qui proposaient autre chose ? » 

Autre priorité à court terme : la question cruciale de la diffusion de la Ligue 1 pour la saison 2025-2026. Avec la fin du partenariat avec DAZN, le nouveau patron de LFP Media, Nicolas de Tavernost, doit présenter d’ici fin mai ses préconisations, dont la création d’une chaîne dédiée. Selon Diallo, Tavernost « a une vraie connaissance du milieu » et pourrait jouer un rôle-clé dans la relance commerciale du championnat. 

Le président de la FFF a aussi évoqué des leviers concrets pour aider les clubs à retrouver l’équilibre : limitation des effectifs, plafonnement de la masse salariale, vigilance accrue sur les multipropriétés, et révision de la répartition des droits TV, afin que « ceux qui n’ont rien aient quelque chose ». 

Cette réforme ambitieuse, qui bouleverse l’organisation actuelle, ambitionne de sauver un football français à bout de souffle, en posant les bases d’un modèle plus durable, plus juste et mieux gouverné.