[ ECOLOGIE ] Arles : Développer les énergies renouvelables : le casse-tête

La loi du 10 mars 2023 impose aux collectivités de cibler des zones pour implanter des projets éoliens et photovoltaïques. Les élus du Parc sont perplexes.

12 juin 2023 à 12h31 par N.B /Laprovence.com

[ ECOLOGIE ] Arles : Développer les énergies renouvelables : le casse-tête
Crédit : Antoine Tomaselli

L'ambition est louable, le texte nécessaire. En 2020, la France était le seul pays de l'Union européenne à ne pas avoir rempli ses objectifs en matière de développement des énergies renouvelables, atteignant le seuil de 19 % dans sa consommation brute finale, au lieu des 23 % attendus. Un retard qui s'aggrave. Pour tenter de surmonter ce handicap, une loi a été adoptée en mars dernier afin d'accélérer le processus. Le principe consiste, en résumé (le texte fait 116 pages), à imposer aux collectivités de trouver des zones d'accélération pour implanter des projets sur les énergies renouvelables (éolien, photovoltaïque). Mais voilà, ce texte se heurte à la réalité du terrain. Surtout dans le Parc naturel régional des Alpilles.

Sans perdre de vue que le temps presse ! Les élus ont jusqu'à mi-novembre pour faire leurs propositions au préfet, qui transmettra cette cartographie au Comité régional de l'énergie. Si ces zones sont validées, l'arrêt sera émis dans les trois mois. Dans le cas contraire, les élus auront trois mois pour revoir leur copie. "La concertation est importante pour avoir un consensus de principe", souligne Jean Mangion, le président du Parc. En théorie, chacun reconnaît l'impérieuse nécessité d'accélérer sur la mise en place des énergies renouvelables. Dans le Parc, 52 GWh/an sont produits par le photovoltaïque au sol, quand l'objectif à atteindre est de 192 en 2023 et de 270 en 2030. Cela revient à trouver 192 hectares en l'espace de sept ans pour rattraper ce retard. "Mais où va-t-on trouver ce foncier ?", s'interroge-t-on du côté de la CCVBA. Voilà la question la plus épineuse.

Certes, ces espaces doivent permettre de faciliter la réalisation de projets sans exclure d'autres programmes en dehors de ces zones. Mais le territoire des Alpilles empile les contraintes (zones inondables, risque incendie, directive paysagère, charte du Parc). Des démarches ont déjà été engagées (centrales villageoises, fermes photovoltaïques, hangars, serres et ombrières agricoles), mais sans jamais sortir du cadre. Dans la charte, il est parfaitement stipulé que la question du développement des énergies renouvelables "doit s'inscrire dans le contexte local spécifique aux Alpilles", avec la préservation des habitats naturels, des paysages et de la biodiversité. Ce texte n'est pas forcément incompatible avec la loi de mars 2023, mais elle complique sérieusement les choses. "Plusieurs parties du territoire doivent être considérées comme rédhibitoires pour la création de zones d'accélération", confirme Eric Blot, le directeur du Parc des Alpilles. Un rapport de force pourrait s'engager avec l'État pour faire respecter la charte... qui vient à peine d'être adoptée !

"On a un Parc avec des enjeux légitimes, estime Lionel Escoffier, le maire d'Aureille. À quel moment va-t-on dire à l'État que l'objectif à atteindre est irréaliste ?" Jean Mangion admet que "la question de fond, c'est la charte. Est-ce qu'elle doit être notre base de travail ? Sur le reste, on fera ce que l'on peut. Lorsque l'on voit les propositions de l'État, notre territoire est vampirisé. On ne mesure pas les conséquences de cette loi". Une rencontre entre les élus et le préfet Mirmand est prévue le 12 juin prochain.