[ CLIMAT/ENVIRONNEMENT ] quel avenir pour la Camargue ?

7 décembre 2021 à 9h42 par Olivier Lemierre

[ CLIMAT/ENVIRONNEMENT ] quel avenir pour la Camargue ?
Crédit : V.F

Les experts du climat prévoient un sort préoccupant pour le delta du Rhône. La Camargue, l’une des zones les moins peuplées et les plus basses de la région, sera aussi l’une des premières à faire face au réchauffement climatique et à ses conséquences. Faut-il subir, lutter contre, s’adapter ? La Provence a interrogé les acteurs du territoire sur leur vision de l’avenir. Premier volet de ce dossier en trois temps avec trois intervenants majeurs de la protection de l’environnement.

"On est passé de 14º à 16º de moyenne annuelle en 50 ans sur la station d’Arles"

Antoine Nicault, animateur du GREC Sud (Groupe régional d’experts sur le climat en région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur) délivre un constat sans appel sur le changement climatique qui affecte la Camargue depuis le début de l’ère industrielle, à la fin du XIXème siècle. La hausse de la température sur la station d’Arles a été de 3º, contre 1,2º à l’échelle de la planète. Et cette tendance s’accélère. "On est passé de 14º de moyenne annuelle à la fin des années 1970, à 16º en 2020. L’augmentation de la température moyenne est avérée en hiver comme en été, bien sûr due aux émissions de gaz à effet de serre. Le futur dépendra de la politique globale de réduction de ces gaz. Si l’on ne fait rien du tout, les prévisions tablent sur une augmentation de la température de 4,5º par rapport à aujourd’hui. Ce sera beaucoup moins si les États s’accordent pour respecter les accords de Paris (1). On pourrait stabiliser l’augmentation de la température en Camargue à 1º de plus". 

Le réchauffement climatique induit tout d’abord la fonte des glaciers, de la calotte polaire en Arctique et en Antarctique. L’élévation du niveau de la mer pourrait atteindre 0,4 mètre à un mètre d’ici la fin du siècle. Car la fonte des calottes se cumule avec la dilatation des océans. "90 % de la chaleur supplémentaire est stockée dans les océans qui contribuent à l’élévation du niveau de la mer. On sait que ce phénomène continuera sur plusieurs centaines d’années même si l’on respecte les accords de Paris. Les glaciers vont aussi continuer à fondre. Le GREC n’exclut pas une montée des eaux de 3, 4, 5 mètres dans les siècles à venir si l’on ne baisse pas les émissions de gaz à effet de serre". Les conséquences pour les territoires sont multiples. Le recul du trait de côte sur les parties littorales tout d’abord.

En Camargue le réchauffement climatique entraîne également des remontées salines, par le fleuve mais aussi par les nappes phréatiques ; des vagues de submersion, des tempêtes plus intenses, des événements cévenols plus fréquents. Cette vaste zone humide dépend aussi de l’apport d’eau douce venue du Rhône. Avec la diminution du volume de neige stocké en hiver en montagne, le débit du fleuve pourrait augmenter de 5 à 10 % en hiver, mais chuter de 30 à 40 % en été d’ici 2050, à cause de la diminution des précipitations à partir du printemps, et la hausse des prélèvements en amont du fleuve. "Tous ces phénomènes interagissent sur les activités humaines et notamment l’agriculture avec la montée des températures, la baisse d’apport en eau et l’augmentation de la salinité. La question qui est posée est de savoir comment s’adapter. Il faudra faire un effort de modélisation, un effort d’imagination pour connaître les trajectoires et les conséquences du changement climatique sur les activités humaines". Ces données scientifiques qui ne sont pas contestables sont aujourd’hui connues par les différents acteurs du territoire. À eux de se les approprier pour imaginer un avenir au Delta de Camargue.

(1) L’accord de Paris est un traité juridiquement contraignant sur les changements climatiques. Il a été adopté par 196 Parties lors de la COP 21 à Paris, le 12 décembre 2015. Son objectif est de limiter le réchauffement climatique à un niveau inférieur à 1,5 degré Celsius, par rapport au niveau préindustriel. La réduction des émissions des gaz à effet de serre devant permettre de parvenir à un monde climatiquement neutre d’ici le milieu du siècle.

 

Source: Laprovence.com

 

Le conservatoire du littoral : "Il est grand temps de passer à l'action"

 

François Fouchier, délégué régional du Conservatoire du littoral.
François Fouchier, délégué régional du Conservatoire du littoral.Photo V.F.

 

Consciente de la valeur écologique, sociale, économique et culturelle de son littoral, la France a fait le choix de préserver une part significative d'espaces naturels littoraux et de les rendre accessibles à tous. L'État a ainsi décidé de créer en 1975, le Conservatoire du littoral, un établissement public sans équivalent en Europe dont la mission est d'acquérir des parcelles du littoral menacées par l'urbanisation ou dégradées pour en faire des sites restaurés, aménagés, accueillants, dans le respect des équilibres naturels.

Premier propriétaire foncier de Camargue

Il s'agit de préserver des milieux naturels et des paysages remarquables et menacés mais aussi l'équilibre des littoraux et la prise en compte du changement climatique par une gestion raisonnée avec des partenaires locaux. Au fil des ans, le Conservatoire du littoral est devenu le premier propriétaire foncier de Camargue avec près de 27 000 ha en 2021 : dont la réserve nationale de Camargue avec l'étang du Vaccarès (13 679 ha) ; les étangs et marais des salins de Camargue (6 585 ha), les marais du Vigueirat (1 123 ha) ; le domaine de la Palissade (702 ha), etc.

Le réchauffement climatique et l'accélération de l'élévation du niveau de la mer sont observés de près par le Conservatoire. "Entre 0,4 et 1 m d'ici 2100, c'est énorme et cela va toucher tout le littoral en Méditerranée où l'eau est déjà montée de 20 cm en un siècle" constate François Fouchier, le délégué régional. "Ce sujet préoccupe l'État qui constate que le littoral ne peut plus se reposer uniquement sur une défense rigide du trait de côte et préconise d'opérer un recul stratégique lorsque cela s'impose. Il faut anticiper car des biens, des richesses, des routes, des voies ferrées, mais aussi des espaces naturels sont concernés. Et les expropriations plus on attend, plus cela coûtera".

Pas de réponse unique

Pour l'avenir, il n'y aura pas de réponse unique. "En Camargue, certains territoires habités nécessiteront des enrochements, des digues, des épis. Sur d'autres secteurs on peut s'appuyer sur le système de dynamique dunaire plus efficace que les digues et les enrochements. C'était le cas sur le Vieux Salin à Hyères, la plage disparaissait, la digue aggravait la situation. La houle frappait la digue et mobilisait le sable à ses pieds et l'envoyait au large. On a désenroché sur 600 m et créé une dune en arrière-plage. Trois ans après, le résultat est satisfaisant, on a pu reconquérir la plage. Ceci pour dire que certaines solutions fondées sur la nature sont plus efficaces et moins coûteuses que les solutions de durcissement du trait de côte, surtout quand il existe des zones tampons pouvant amortir l'évolution de la montée du niveau de la mer". C'est le cas sur les anciens salins rachetés par le Conservatoire. "Le principe fondamental du plan de gestion est de dire qu'il y a la digue à la mer assez éloignée, jusqu'à 6 km de la mer. Elle n'est pas frontale. Il faudra bien sûr la renforcer, mais on peut utiliser cette zone tampon des anciens salins pour amortir les effets".

Un sujet sensible. "Je le sais, mais je rappelle qu'en dix ans on a perdu 40 ha mais, on en a gagné 48. On observe aussi sur le secteur une évolution de la bande côtière qui n'est pas nouvelle. Le phare de Beauduc est situé sur une zone d'érosion particulièrement dynamique à l'Est. À l'Ouest on observe une accrétion marquée, l'avancée de la dune sur la mer. Rappelons que le port d'Aigues-Mortes qui datait des croisades est situé aujourd'hui à 6 km de la mer... La dynamique hydrosédimentaire a été très forte".

La question de la salinisation du Vaccarès fait également partie des préoccupations du Conservatoire à qui appartient le site. "Sur ce sujet, nous devons avoir une gestion optimale des ouvrages, amener l'eau douce dans le système du delta, faciliter les échanges entre étangs et mer. Il faut entretenir les Pertuis de la Fourcade et de la Comtesse pour permettre au sel qui est entré en masse en 2017 à la demande des pêcheurs de ressortir de l'étang. On doit aussi se poser la question des digues sur le fleuve, car plus on endigue plus on restreint les connectivités d'eau douce. Il faut prendre le taureau par les cornes. Le conservatoire prend sa part de responsabilités en investissant 1,5 M d' sur des ouvrages favorisant l'arrivée de l'eau douce en Camargue. J'interpelle l'ensemble des pouvoirs publics pour leur demander si les ASA (Associations syndicales autorisées qui gèrent l'irrigation, Ndlr) sont à la hauteur du défi de la lutte contre le sel. Le Parc de Camargue qui a la gestion des ouvrages a un rôle important à jouer pour établir un plan de gestion de l'eau en Camargue. Des orientations fondamentales sont à mettre sur la table avec tous les acteurs". La tâche ne sera pas évidente mais François Fouchier estime qu'il n'y a pas de solution inextricable. "Sur l'étang de Berre, il y avait également une foire d'empoigne sur la réhabilitation de l'étang avec, à l'inverse de la Camargue, la question du manque d'eau de mer, de la trop forte présence d'eau douce. Une situation bloquée pendant des années. En trois ans il y a eu des assises, une inspection ministérielle générale, un rapport parlementaire et l'État ainsi que tous les élus se sont finalement accordés sur une feuille de route consensuelle. En Camargue 80 % des acteurs ont envie que cela change. Le temps de l'inertie est fini, il faut passer à l'action, avec un diagnostic partagé, une méthode de concertation acceptée ; des orientations stratégiques à fixer puis un plan d'action à mettre en oeuvre en précisant les acteurs impliqués et les financements nécessaires, dire qui fait quoi, qui finance. Le Parc a un rôle majeur à jouer. Il n'y aura pas de gagnant ni de perdant".

L'analyse de Jean Jalbert, directeur de la Tour du Valat : "Il est grand temps de passer à l'action"

 

Pour Jean Jalbert, le directeur de la Tour du Valat, la nature est une solution à la crise.
Pour Jean Jalbert, le directeur de la Tour du Valat, la nature est une solution à la crise.Photo V. Farine

 

Créée en 1954 par Luc Hoffmann, naturaliste visionnaire et passionné d'ornithologie, la Tour du Valat a depuis développé son activité de recherche pour la conservation des zones humides méditerranéennes avec un souci constant :" Mieux comprendre les zones humides pour mieux les gérer."

Son domaine, qui englobe tous les habitats naturels représentatifs de la Camargue fluvio-lacustre, s'étend sur 2649 hectares dont 1845 classés en Réserve naturelle régionale. Au-delà de son rôle de conservation de la biodiversité, c'est un site privilégié pour mener des recherches, tester et développer des activités agricoles ou cynégétiques compatibles avec le maintien de cette biodiversité exceptionnelle. Son directeur Jean Jalbert, a depuis longtemps intégré les effets du changement climatique sur ce milieu particulier, une zone humide unique en France, et prône le dialogue entre tous les acteurs afin de pouvoir s'adapter à la nouvelle donne.

"Il faut partir des faits et ne pas lancer des anathèmes sur les uns ou les autres. Les experts du GIEC disent que la Méditerrannée se réchauffe 20 % plus vite que la moyenne mondiale, qu'elle sera la région du monde la plus impactée par le changement climatique après l'Arctique. Cela signifie une montée des eaux d'au moins 40 cm, mais sans doute plus, et une baisse du débit du Rhône. Le problème quand le Rhône est bas est que la mer remonte de 30 km dans le fleuve, cela augmente le risque de pomper de l'eau saumâtre pour irriguer les cultures. Quand on apprend ces nouvelles, inadmissibles, on passe par une phase de sidération, avant celle de la colère. Vient ensuite la phase d'acceptation. C'est ce que nous sommes en train de vivre en Camargue. On commence à sortir du déni. Il faut bien sûr instaurer le dialogue en se basant sur les faits, sur ce qu'il s'est passé et sur ce que les experts envisagent. Après le champ des possibles est ouvert. Il ne faut exclure aucun scénario".

Selon lui, trois sont possibles : subir le changement climatique et ne rien faire ; résister coûte que coûte avec de l'ingénierie civile lourde ; ou alors s'adapter, c'est-à-dire un mélange des deux premières.

"Nous, nous prônons l'adaptation : reconstruire des digues des épis, des brise-lames face à la montée du niveau de la mer là où cela s'impose mais pas partout sur l'ensemble du linéaire de Camargue. Notre position n'est pas forcément bien comprise, on nous prend pour des partisans d'une écologie radicale qui veulent laisser faire la nature, la mettre à la place de l'homme. Cela n'a jamais été notre posture. Depuis soixante ans, notre position est de réconcilier l'homme avec la nature. Nous considérons qu'elle n'est pas une contrainte au développement, une ressource dans laquelle on peut puiser sans limite, mais bien une solution pour l'avenir. Aujourd'hui notre société fait face à la crise de la biodiversité, à la crise sanitaire et la crise climatique. Ces crises sont systémiques d'une relation erronée avec le monde du vivant. Il faut changer de vision en considérant la nature comme un capital à faire fructifier, à protéger, pour en retirer les intérêts. L'enjeu est particulièrement prégnant dans les zones humides. 87 % de ces zones ont disparu de la planète en 300 ans. Elles disparaissent trois fois plus vite que la forêt. Et dans le même temps il est prouvé que ces zones sont les écosystèmes qui contribuent le plus au développement et à la subsistance des hommes. Elles agissent comme des éponges : absorbent l'eau quand il y en a en excès, rechargent les nappes phréatiques, soutiennent le débit des rivières. L'intérêt de les conserver est majeur pour tous".

Conserver ne veut pas forcément lutter contre la nature. Jean Jalbert, dans le débat sur "rénaturation" de la Camargue que certains dénoncent dresse un constat. "L'expérience menée depuis 2008 au Sud de la Camargue, sur les 6500 ha d'anciens salins rachetés par le Conservatoire du littoral et redonnés à la nature est positive. Ces zones sont des amortisseurs climatiques. On note la reconstitution d'un rivage sableux, de dunes qui seront les remparts de demain contre les tempêtes. Elles permettent aussi de reconnecter la mer et les étangs. Le développement de la biodiversité y est important, avec des espèces de poissons en forte présence comme les loups, les dorades, les soles".

Quant à ceux qui disent que cette politique laisse entrer le sel, il dément catégoriquement. "Dans ce site anciennement exploité par les Salins du midi, la salinité était autrefois supérieure à celle de la mer. Depuis qu'il est rouvert sur la mer la salinité a baissé. Ce n'est pas une menace".

Le sel : un point de crispation. Sa présence en plus forte quantité est liée également à la baisse des précipitations et à l'évapotranspiration.

"Le déficit en pluie est de l'ordre de 40 à 50 % ces six dernières années. Dans le même temps il s'évapore trois fois plus d'eau. Les étangs, les zones humides s'assèchent, et il faudra trouver des solutions ensemble pour y remédier, en sachant que pour le moment les eaux de drainage agricole ne sont pas de qualité suffisante, incompatibles avec leur déversement dans les espaces naturels. Mais on peut envoyer de l'eau douce directement du Rhône, limiter les usages de pesticides, ou mettre en place des dispositifs de phytoépuration à la sortie des canaux de drainage". Il y aura des espaces où l'homme devra intervenir. Aux Saintes par exemple. "On doit se donner les moyens de protéger le village, ses habitants, leurs activités. Il n'est pas question de laisser la mer entrer dans les Saintes à court et moyen terme. Sur le long terme, si la mer monte d'un, deux ou trois mètres c'est à étudier. L'enjeu est de prendre les mesures pour préserver les habitants, les activités, sans rendre les choses plus compliquées et très coûteuses pour les générations futures. Des spécialistes pensent que la solution est dans la mer, des dispositifs immergés pour casser les vagues avant qu'elles ne déferlent sur le littoral".

Autant de problématiques qui doivent être débattues selon Jean Jalbert par des acteurs responsables. "Notre désir le plus profond c'est continuer à habiter la Camargue, que l'on y vive bien, heureux, qu'on y cultive, y élève des animaux, y accueille des touristes. Pour cela il ne faut pas subir. Si on est capable de s'écouter, de dialoguer, on doit pouvoir inventer une autre façon d'habiter la Camargue".

Les repères

Le Parc naturel régional de Camargue

Delta ouvert sur la Méditerranée, le territoire du Parc naturel régional de Camargue couvre trois communes : Arles, les Saintes-Maries-de-la-Mer et Port-St-Louis-du-Rhône. Il s'étend sur plus de 100 000 ha et 75 km de façade maritime.

Population

Aujourd'hui, la population est de près de 10 000 habitants. Avec une densité moyenne de 10 habitants au km², le Parc constitue un des espaces les moins peuplés de la Région Sud Provence Alpes-Côte-d'Azur.

Relief

La formation du delta du Rhône et sa perpétuelle évolution au cours des siècles ont façonné un paysage spécifique, caractérisé par l'absence de relief important. Le point culminant du delta se trouve à 4 mètres au-dessus du niveau de la mer, son point le plus bas à 1,5 m en dessous.

Faune

La Camargue, unique delta français de cette ampleur, se distingue en Europe par la richesse biologique de ses écosystèmes. Située dans l'axe de migration des oiseaux du nord de l'Europe vers l'Afrique, elle forme un relais vital pour l'avifaune. La Camargue est une halte migratoire majeure pour les canards et les oiseaux d'eau en général.

Sources PNRC

"Le Vaccarès est le thermomètre de la Camargue"

Au début du siècle passé, l'expansion simultanée de deux acteurs économiques dominants aux objectifs totalement opposés va transformer les étangs centraux de Camargue en enjeu vital : les salines au sud-est envisagent de les utiliser en étangs de préconcentration en sel alors que les agriculteurs préféreraient y déverser les eaux douces issues de l'irrigation agricole. De cette opposition va naître l'idée de confier, en 1927, cet ensemble à la Société d'Acclimatation de France devenue aujourd'hui la Société nationale de protection de la nature (SNPN). L'État, après l'acquisition des terrains en 1972, et le classement en Réserve nationale en 1975, confirme la SNPN dans son rôle de gestionnaire et lui permet de poursuivre sa politique de conservation de cet espace protégé englobant l'étang du Vaccarès.

Gaël Hémery qui en a pris la direction. Pour lui, il est grand temps de réinstaurer le dialogue. "Le Parc peut y aider, l'État aussi, tout comme le CPIE (NDLR Centre permanent d'initiatives pour l'environnement). Il faut voir les sujets concrets sur lesquels on peut avancer. Arrêter de dire quand il y a un problème, on fait une étude et de facto on repousse le temps de l'action. Le Vaccarès est une lagune confinée qui a besoin d'eau douce et d'une bonne connectivité à la mer pour ne pas se dégrader. Il faut le voir comme un thermomètre et non comme un lieu d'affrontement. La qualité de l'eau douce est un enjeu majeur. Aujourd'hui le diagnostic est imparable : la pollution est d'origine atmosphérique, elle vient aussi du Rhône mais elle est largement d'origine locale et cela doit nous faire réfléchir et agir. Il faut rétablir des échanges entre eau salée et eau douce qui fait la richesse de ce milieu, sortir le sel. Cela est devenu plus difficile car le niveau de la mer est très souvent au-dessus de celui des étangs. Les ouvrages permettant la connexion, les pertuis, doivent être plus réactifs, gérés automatiquement pour profiter des moments ou on peut rejeter l'eau trop salée du Vaccarès dans la mer. Car aujourd'hui, une molécule d'eau qui rentre dans le Vaccarès met 20 ans minimum pour en sortir. De ce fait toutes les décisions que nous prenons nous engagent pour très longtemps". Gaël Hémery constate aussi que les herbiers ont quasiment disparu. Ils représentent moins de 1 % de la superficie de l'étang contre 25% en 2013. "Selon les chercheurs de l'université de Toulouse, cette disparition est due à trois facteurs: les herbicides, les métaux lourds et les chocs salins".

Pour lutter contre un stock de sel trop élevé la question centrale est de savoir comment apporter de l'eau douce dans le Vaccarès."La réflexion est en cours et vient de faire un premier pas. Sous l'autorité de la sous-préfecture nous travaillons en concertation avec les ASA et les propriétaires riverains. On regarde ce qui est techniquement possible de faire. Nous sortons de l'opposition frontale. Il est temps".

De même de vives inquiétudes se portent sur le bois des Rièges avec ces genévriers de Phénicie pluri-centenaires." Nous allons essayer d'en savoir plus sur ce lieu dont le fonctionnement est peu connu. Aujourd'hui nous ne constatons pas de dépérissement majeur du bois des Rièges mais il existe des menaces : selon nous il s'agit de la baisse des précipitations qui peut fragiliser le boisement sur le long terme. Nous allons le vérifier."