La Ville, le centre hospitalier Joseph-Imbert et les médecins libéraux lancent leur opération séduction. Leur objectif est de tout faire pour convaincre les futurs médecins d'exercer à Arles afin de lutter contre la désertification médicale. Ainsi, la nouvelle promotion d'internes en 1ere année du pays d'Arles a été reçue, mardi, en grande pompe en salle d'honneur de l'hôtel de ville. Une première. "Il est important de saluer les nouvelles forces vives du futur corps médical", a déclaré le maire, Patrick de Carolis. Ce rendez-vous est amené à se renouveler deux fois par an. À l'automne et au printemps, les promotions d'internes seront désormais accueillies en mairie.
Cela illustre clairement la volonté municipale de rendre le territoire le plus attractif possible, car la ville a besoin de médecins de toutes les spécialités.
"Nous manquons de médecins. Nous en avons 42 actifs et la plupart ont plus de 60 ans. Beaucoup vont bientôt prendre leur retraite. Notre population médicale est vieillissante, la moyenne d'âge de nos praticiens est au-dessus de la moyenne nationale et la relève n'est pas là, déplore l'édile. Nous travaillons donc pour que ce désert médical disparaisse. Nous nous battons pour attirer de nouveaux jeunes médecins."
Comment ? Notamment grâce à un premier contrat local d'attractivité de santé, qui sera signé normalement avant la fin de l'année entre l'Agence régionale de santé (ARS), la Ville et l'hôpital.
Il offrira des avantages fiscaux, des accompagnements et une aide financière très importante aux professionnels de santé qui arrivent et resteront plusieurs années à Arles.
"Un bassin de formation extraordinaire"
"Ce contrat est une très bonne chose et une très belle proposition de l'ARS", s'enthousiasme Sylvia Breton, la directrice du centre hospitalier Joseph-Imbert et des hôpitaux des Portes de Camargue. D'autant plus que les besoins en professionnels de santé devraient continuer à augmenter dans les années à venir, mettant en évidence le rôle crucial des internes.
"Sur la commune d'Arles, il manque surtout des dentistes, des kinésithérapeutes, des orthophonistes et des psychologues", énumère Paule Birot-Valon, adjointe au maire en charge de la santé et de la lutte contre les déserts médicaux. "À l'extérieur de Marseille, les Bouches-du-Rhône sont devenues un désert médical. C'est une catastrophe", alerte Jacques Bargier, président de l'Association des médecins libéraux du pays d'Arles. Pour ce médecin généraliste, le contrat local d'attractivité de santé à venir est donc "extraordinaire et va attirer du monde". Le coordinateur des internes de médecine générale du pays d'Arles livre les points forts de la commune : "On a un bassin de formation extraordinaire. On trouve tout ici, on est bien équipé. Nous avons l'un des plus beaux pays du monde, avec des paysages magnifiques qui vont de la mer à la montagne. Tout est réuni pour avoir une vie très plaisante et épanouissante." Un tableau complété par Patrick de Carolis avec d'autres atouts : une ville inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, une capitale de la culture et de la photographie...Un maire qui a précisé que trois nouveaux dentistes se sont installés récemment à Arles, et qu'un autre projet en cours pourrait permettre aux professionnels paramédicaux d'avoir également une aide.
19 étudiants français et cinq étrangers
Cette nouvelle promo compte 19 étudiants en 1ere année (pour au moins 4 ans d'internat) qui effectuent leur premier stage d'internat d'une durée de 6 mois (novembre 2023-mai 2024) au centre hospitalier Joseph-Imbert (11) ou auprès de médecins libéraux (8). Ils débarquent de toute la France (Lyon, Rennes, Marseille...). En plus de ces 19 internes, deux faisant fonction d'interne arrivent de Roumanie et d'Arabie Saoudite. Et trois médecins étrangers, qui passent le diplôme de formation médicale spécialisée approfondie, viennent du Maroc, de la République démocratique du Congo et du Togo.
Une première impression séduisante
La nouvelle promotion d'internes du pays d'Arles s'est dite honorée et impressionnée d'être reçue à la mairie. Tous ont confié avoir été chaleureusement accueillis à l'hôpital et à Arles. "J'ai choisi Arles parce que l'hôpital dispose de plusieurs spécialités avec du matériel. On s'y sent bien, tout le monde se connaît, c'est une ambiance familiale que je recherchais. Je suis très heureuse. C'est un bon début, a confié Violette Simon, qui arrive de Lyon. Son ami Mathis Orengia a fait le même choix. "J'ai vu que la formation était très bien ici. Ça se passe super bien. On est bien encadrés. Les chefs sont très pédagogues. La ville est très belle. Si je me sens bien, je resterai ici avec plaisir", a-t-il témoigné. Tristan Bernard-Cuisinier, interne en ophtalmologie, était du même avis : "Arles est une très bonne option qui me plaît. Je trouve l'hôpital dynamique et bien équipé. Le plateau est intéressant. On se sent bien intégré assez vite."
Quant à Therys Munganga, interne venant de République démocratique du Congo, il était au diapason : "Les gens sont super. Je suis très content et j'ai envie de faire ma carrière ici. La modernisation de l'hôpital est une bonne initiative, ça va vraiment aider. Il y a un bon niveau, de bons médecins et encadrants."
"Les internes sont d'une importance capitale"
"On a un petit déficit de la subdivision d'internat qu'on veut compenser", révèle la directrice du centre hospitalier d'Arles et des hôpitaux des Portes de Camargue. Sylvia Breton explique que les internes sont une composante indispensable du système de santé : "Leur présence et contribution quotidienne sont d'une importance capitale pour assurer les activités médicales et répondre aux besoins essentiels de soins de la population. Le choix du pays d'Arles revêt une importance majuscule pour nos organisations. Ils représentent le présent de nos établissements et l'avenir de la santé. Un avenir que nous espérons camarguais." Pour attirer et fidéliser de nouveaux talents à chaque semestre, la direction de l'hôpital s'engage à offrir aux jeunes médecins un accompagnement complet : assistance personnalisée dans le processus d'installation, création d'un environnement de vie agréable et sûr, et promotion de l'épanouissement personnel. La création de la cellule d'aide à la mobilité et à l'installation des nouveaux arrivants, il y a 6 mois, en est la preuve. Depuis sa mise en place, 27 nouveaux arrivants en ont bénéficié et les recrutements médicaux sont en hausse.
Un ambitieux projet de rénovation et de modernisation
Et pour améliorer encore son attractivité médicale, l'hôpital Joseph-Imbert sera complètement rénové et modernisé d'ici 2026. "On a un magnifique projet immobilier de 38 millions d'euros. On refait tout le plateau technique. Le centre hospitalier sera capable d'offrir un outil de travail ultra-performant avec des installations et de nouveaux équipements de qualité. On a des atouts assez uniques sur notre territoire à faire valoir avec ce gros projet. C'est un levier d'attractivité formidable. On le voit déjà", affirme Sylvia Breton. Toute l'offre hospitalière chirurgicale d'Arles sera regroupée à l'hôpital. La clinique Jeanne-d'Arc va s'y installer puis les blocs opératoires, la pharmacie, le laboratoire et la réanimation (qui sera étendue) seront refaits. Une maison des consultations chirurgicales et anesthésiques publique et privée verra le jour. Les médecins pourront choisir d'exercer soit en privé, soit en public.
Source: laprovence.com