[ POLITIQUE - STES MARIES DE LA MER ] Les Saintes-Maries-de-la-Mer : "Nous avons voté une motion de censure contre notre maire"

Après avoir rejeté le budget 2024, un collectif de dix élus de la majorité et de l'opposition veut retirer ses délégations à Christelle Aillet pour contrôler l'action du conseil municipal.

14 mai 2024 à 10h26 par Laurent RUGIERO /laprovence.com

Les Saintes-Maries-de-la-Mer : "Nous avons voté une motion de censure contre notre maire"
Crédit : l.r.

Sa constitution s'est matérialisée à l'occasion du dernier conseil municipal, le 12 avril dernier, par le rejet du budget communal pour l'année 2024. Aujourd'hui, c'est "un collectif" rassemblant élus d'opposition et dissidents du camp de la maire qui entend former "une majorité de contrôle et de décision".

"Nous avons perdu confiance, notre vote contre le budget était une manière pour nous d'exprimer une motion de censure contre Mme Aillet", explique Patrick Gontard, chef de file de l'opposition, qui, en plus de son groupe (Gilles Ayme, Emilie Dal Canto, Frédéric Petit) et de l'ancien premier adjoint Patrick Pac, a rallié à sa cause pas moins de cinq ex-alliés de l'édile : trois adjointes, Françoise Favier, la première d'entre elles (santé, aide sociale), également vice-présidente de la communauté d'agglomération ACCM, Stéphanie Tonnel (voirie, propreté, espaces verts, hydraulique) et Martine Gonnet (finances) ; et les conseillers municipaux Christine Santarnecchi-Neri (sports) et Stéphan Bedot (sécurité).

Une nouvelle majorité -- Christelle Aillet ne pouvant plus compter que sur le soutien de 8 élus -- qui a demandé à la maire, sans grand espoir d'être entendue, d'inscrire le retrait de ses délégations à l'ordre du jour d'un conseil municipal extraordinaire. Une initiative prise "sans considération aucune pour l'intérêt communal et pour le fonctionnement quotidien de notre ville", a réagi sur Facebook (*) Christelle Aillet, qui dénonce "la voie de l'irresponsabilité" prise par ses contempteurs.

De leur côté, ceux-là accusent la maire d'un exercice solitaire du pouvoir. "J'ai essayé de travailler avec elle, j'ai fait des efforts, distille Françoise Favier, mais elle n'écoute personne, son mode de fonctionnement totalement personnel a rompu le lien de confiance entre nous". "Je ne suis au courant de rien, abonde Martine Gonnet. Je ne signe jamais un bon de commande." "Je suis complètement effacée, confirme Stéphanie Tonnel. Tous les recrutements sont effectués sans mon consentement."

Elle n'écoute personne, son mode de fonctionnement totalement personnel a rompu le lien de confiance entre nous.

François Favier, première adjointe. 

"Elle est entrée dans ce mandat comme si elle était entrée dans un règne", parachève Christine Santarnecchi-Neri.

À ce réquisitoire des anciens alliés se greffent les reproches récurrents des opposants. "Après lui avoir apporté nos voix, qui lui ont permis d'être élue maire à l'unanimité, nous lui avons toujours tendu la main, expose Gilles Ayme. Elle n'a jamais voulu la prendre." "Elle ne supporte pas qu'on lui donne le moindre conseil", prolonge Patrick Pac, qui se pose en "première victime de son autoritarisme".

"Inquiétudes financières"

Pour ne pas apparaître pour des opportunistes, les dix élus fondent leur démarche sur "des inquiétudes financières". "Des dépenses importantes ont été budgétées en court-circuitant complètement notre adjointe aux finances", soulève Patrick Gontard. "La commune avait une sécurité financière qui a disparu", ajoute Patrick Pac.

Alors que la Chambre régionale des comptes a été saisie par le préfet pour vérifications, "d'ici quelques semaines, le budget de notre commune nous reviendra approuvé et nous pourrons alors reprendre le bon fonctionnement de la collectivité", rétorque Christelle Aillet avec assurance, en se portant garante du "projet validé par Roland Chassain". Une référence à son prédécesseur disparu, moquée dans le camp d'en face : "Elle ne fait que dilapider son héritage..."

* Christelle Aillet n'a pas répondu aux sollicitations de "La Provence".