[ POLITIQUE ] Arles : Airbnb dans le collimateur des élus de l’opposition
Au conseil municipal, hier soir, la majorité a dû faire face aux attaques du PCF, du PS et de Changeons d’avenir qui ont évoqué un centre-ville "ravagé" par le phénomène des locations saisonnières.
5 juin 2023 à 12h57 par Christophe Vial
Arles est une ville touristique. L'évidence saute aux yeux, et pour la cité, voilà bien un moteur pour son développement économique. Mais l'opposition a insisté, hier soir lors du conseil municipal, sur le revers de la médaille. À l'occasion de la délibération portant sur la réévaluation du montant de la taxe de séjour, Nicolas Koukas (PCF) a mis sur la table "une vraie réalité : les plateformes de location saisonnière, et notamment à Arles, réduisent l'offre de logement classique et transforment vraiment le centre-ville. Il y a une difficulté pour les Arlésiens à vivre à côté des meublés touristiques. Mais il y a des villes qui font des propositions. Je prends l'exemple des villes à consonance politique qui sont les vôtres, macronistes. Annecy propose de réduire le nombre de locations de courte durée pour passer de 2 800 à 2 200 meublés, en limitant les autorisations à un bien par propriétaire. À Saint-Malo, le maire a décidé de faire des quotas par quartiers, et il souhaite que seulement 12,5 % des logements soient loués à des plateformes. Ce sont de belles propositions. Et moi je reviens sur ce sujet pour que vous nous fassiez de vraies propositions.Parce qu'à Arles, la coupe est pleine, le centre-ville est ravagé par ce phénomène. Il y a un équilibre à trouver que l'on ne trouve pas."
La deuxième charge est venue de Mohamed Rafaï. "J'habite rue de la Calade, côté gauche en allant aux arènes, il n'y a plus d'habitants, il n'y a que des fondations. Pour une ville de 50 000 habitants, est-ce qu'on a besoin d'autant de fondations ?, a interrogé l'élu socialiste. Vous êtes en train de faire partir les Arlésiens du centre-ville pour les mettre à la périphérie et ne recevoir que du Airbnb ! Mais s'il n'y a pas d'habitants, comment vous voulez qu'on garde nos commerces ?" Pour Cyril Girard (Changeons d'avenir), la problématique Airbnb "est un non-sujet pour cette municipalité, on n'a jamais eu de réponse. Le prix de l'immobilier augmente de 5 à 6 % par an depuis 5 ans, les Arlésiens ne peuvent plus se loger, en grande partie à cause de ce phénomène !"
Sébastien Abonneau, l'adjoint au tourisme, a tenté de répondre point par point à ses attaques. "On observe ce qui se passe au niveau national, a-t-il indiqué. À Saint-Malo, avec les quotas, des logements ont bien été remis à la vente, mais ont été achetés par d'autres investisseurs qui en ont fait leur résidence secondaire. Donc, il faut bien réfléchir aux effets pervers. La communauté d'agglo de La Rochelle a pris une délibération très restrictive, mais elle a été cassée en justice deux mois après !" Pour l'adjoint, la Ville a fait "ce qui devait être fait, en suivant les mesures prises par l'ancienne majorité". Et elle garde le contrôle, l'adjoint réfutant l'hypothèse selon laquelle "il y a entre 1200 à 1300 meublés touristiques qui dérégleraient l'offre de manière incroyable. Non, là où il y a un vrai travail à faire, c'est sur les 2 500 logements vacants en centre-ville." Quant aux commerces, "je connais les Arlésiens qui consomment en centre-ville, j'ai été commerçant pendant 8 ans. Et je sais que les commerçants ont vraiment besoin de la manne touristique et d'avoir des touristes toute l'année, car les habitants ne suffisent pas pour les faire vivre toute l'année !"
Des propos qui ont signé la fin du débat, même si celui-ci pourrait vite rebondir. Une loi transpartisane visant à réguler les locations touristiques, évoquée à l'Assemblée nationale, pourrait à terme donner de nouveaux moyens d'action à l'État, et aux communes.
Source: Laprovence.com