[SOCIETE]: Pays d'Arles : les agriculteurs du canal de la Haute Crau privés d'eau.

15 mars 2019 à 6h50 par Patrick MONROE

RADIO CAMARGUE

Producteurs de foin de Crau, arboriculteurs, maraîchers, mais également certains habitants de Pont de Crau... Ils sont en tout 470 à ne pas avoir reçu l'eau du canal d'irrigation de Haute-Crau, comme à l'accoutumée, en ce début de mois de mars. À l'origine, il n'est pas question d'une quelconque pénurie du côté du canal de Craponne, ou de la Durance, mais d'une mise en demeure émanant de la sous-préfecture d'Arles. "Il y a un mois et demi nous avons reçu les résultats assez alarmants d'une expertise technique sur l'aqueduc qui enjambe la RD 27 (route de Maussane et Saint-Martin de Crau, NDLR). Nous ne pouvions pas faire comme si de rien n'était. J'entends que les usagers ne sont pas contents, mais le problème ne date pas d'hier ! Nous devons sécuriser l'ouvrage en urgence." Une prise de position que ne contredit pas Robert Guillaume, un des syndics de l'ASA de la Haute Crau. Avec la sous-préfecture - "qui n'a aucun intérêt à pénaliser les agriculteurs" - il a contribué à ce que soit trouvée une entreprise. Elle a fait une étude, et pourrait commencer des travaux sous peu, et les livrer pour le 6 avril.

Mais l'eau manque. "Vraiment, les gens se plaignent, nous avons été prévenus trop tard de cette mesure." Car on ne parle pas ici d'arroser un simple jardinet. Avec cette eau venue du Craponne par les 20 km du canal de la Haute Crau, c'est toute une activité économique qui est irriguée (environ 1 100 ha de prairies, 300 d'arbres fruitiers et 100 de maraîchages), un équilibre écologique qui est maintenu.

"Les arboriculteurs pourraient perdre 100 % de leur récolte"

La décision de la sous-préfecture est mal vécue car elle peut pénaliser lourdement les agriculteurs. "Sans eau, la première coupe de foin de Crau, en principe début mai, risque d'être amputée de 50 %. C'est celle qui est la plus rémunératrice pour les producteurs. Et les arboriculteurs pourraient perdre 100 % de leur récolte car cela intervient à une période critique."

Le sous-préfet sentant naître de grandes inquiétudes, accompagnées parfois aussi de fausses informations, a décidé d'organiser une réunion ouverte aux personnes intéressées par cette question cet après-midi, à 14 h 30, à la salle des fêtes d'Arles. "Il va s'agir d'échanger et d'écouter. Nous avons deux solutions. Soit nous faisons les travaux et attendons la fin pour remettre en eau. Soit on fait d'abord un tour d'arrosage, en fermant la route pendant le temps nécessaire, et on fait les travaux après." Des discussions engagées cet après-midi dépendront la suite des événements.

L'ASA de la Haute Crau pencherait évidemment d'avantage pour un tour d'arrosage de 10 jours, puis une coupure d'eau le temps des travaux d'urgence (600 000). "Cela nous ferait qu'un tour d'arrosage sur les trois, en principe, à cette période, mais entre deux maux, on prendra le moindre" souligne Robert Guillaume.

La réponse de cet après-midi va répondre à l'urgence, mais elle ne va pas effacer la nécessité de se prononcer, aussi, sur le financement de gros travaux évoqués depuis plus de 10 ans sur cette zone. L'idée est de favoriser les installations semi-enterrées plutôt que l'aérien. Coût estimé 4,5M, avec des financements toujours incertains de la part de la Région et des mairies d'Arles et St-Martin de Crau, alors que le Département, ACCM et les agriculteurs eux-mêmes sont en ordre de marche. À terme, plus de problème avec l'aqueduc, puisqu'il devrait, si le scénario est respecté... disparaître. Mais d'ici là, faut espérer, de l'eau aura coulé sur le pont.

[SOURCE / LA PROVENCE]