[ SANTE - FRANCE ] Le Conseil scientifique alerte: "On ne voit pas comment on éviterait un retour du virus"

9 juillet 2020 à 9h19 par sarah rios

RADIO CAMARGUE
Crédit : LUDOVIC MARIN / AFP
Jean-François Delfraissy, le président du groupe de scientifiques, alerte sur la baisse de vigilance, notamment chez les jeunes, en cette période estivale et n'écarte pas une reprise de l'épidémie.

Le constat est alarmant pour le Conseil scientifique. Son président, Jean-François Delfraissy, alerte sur une possible résurgence de l'épidémie de coronavirus en France et ce, avant même cet automne, en raison du relâchement observé concernant le respect des consignes sanitaires,

"Nous sommes très frappés par le fait que les mesures barrières et les mesures de distanciation sociale ne sont plus respectées", observe le président du Conseil scientifique qui rappelle que "le risque d'une reprise de l'épidémie, il existe, y compris durant l'été".

Bien que les autorités sanitaires ne fassent plus état de tension hospitalière sur les capacités de réanimation et que l'accès au dépistage soit désormais plus facile, le groupe de scientifiques déplore notamment le comportement des plus jeunes,

"Nous devons revenir, y compris pour les populations les plus jeunes, aux mesures de distanciation", martèle l'infectiologue.

Il salue néanmoins le port du masque dans les transports, ou le lavage des mains avec du gel hydroalcoolique, "des choses qui sont restées".

Appel à la responsabilité des jeunes générations

Une situation que Jean-François Delfraissy estime préoccupante alors que le virus continue de circuler sur le territoire national. En témoigne sa progression en Mayenne: six "clusters" ont été identifiés dans le département ces dernières semaine, notamment au sein d'un Ehpad et de deux abattoirs, et le nombre de cas a quadruplé en seulement deux semaines.

À Paris ce sont d'infimes traces de coronavirus qui ont été retrouvées dans les eaux usées depuis une quizaine de jours, laissant envisager un léger rebond de l'épidémie dans la capitale.

Face à ces nouvelles données, et à la poursuite de la propagation de l'épidémie dans l'hémisphère Sud, le président du Conseil scientifique affirme ce jeudi dans Le Monde ne pas voir "comment on éviterait un retour du virus dans l’hémisphère Nord".

"Il y aura une deuxième vague, ça ne fait aucun doute. Dans le meilleur des cas ce serait dans la période d'octobre-novembre mais c'est très conditionné par nos comportements" explique Pierre-Louis Druais, membre du Conseil scientifique sur BFMTV.

Antoine Flahaut, lui, se veut plus prudent. "On ne peut absolument pas dire aujourd'hui qu'il y aura une seconde vague [...] mais s'y préparer c'est tout à fait important. Je ne pense pas d'ailleurs que ce ne soit qu'une question de comportements mais d'abord une préparation de l'Etat et des autorités", estime l'épidémiologiste et directeur de l'Institut de santé globale de l'université de Genève.

L'hypothèse d'un reconfinement total écartée

Pour Jean-François Delfraissy, l'hypothèse d'un reconfinement n'est plus un sujet tabou : "on le voit tout près de nous: en Espagne, en Allemagne, en Angleterre, on a dû reconfiner au niveau local".

Interrogé mercredi matin chez Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV-RMC, le Premier ministre Jean Castex a souligné qu'un plan de reconfinement était d'ores et déjà prêt mais que celui-ci ne serait pas identique à celui instauré le 17 mars dernier. "Déjà parce qu’on a appris, ensuite parce qu’un reconfinement absolu aurait des conséquences terribles, donc on va cibler", a-t-il précisé.

"Il faut se préparer et tout faire pour éviter le confinement général, car les citoyens, probablement, ne l’accepteraient pas", abonde Jean-François Delfraissy dans Le Monde. En cas de résurgence de l'épidémie, le groupe de scientifiques envisage que les personnes les plus fragiles puissent contribuer "à ce qu’une vie sociétale puisse se poursuivre en France en se protégeant" du coronavirus. De là à imposer un reconfinement à toutes les personnes âgées du pays? "Rien ne doit être imposé. C’est un choix de citoyen."

Source: BFMTV.COM/Hugues Garnier