[MUNICIPALES 2020]: Arles : Une succession très ouverte pour un nouveau cycle.

23 septembre 2019 à 10h07 par Patrick MONROE

RADIO CAMARGUE

Une page se tourne, dans la petite Rome des Gaules. Après 18 ans au pouvoir, et trois élections municipales remportées sous la bannière de l'union de la gauche, le maire (PC) Hervé Schiavetti ne repart pas au combat, en 2020. Un choix annoncé au lendemain de sa victoire de 2014, auquel le maire s'est tenu jusqu'au bout.

Place à la jeune génération, avait avancé l'édile. Et de fait, trois successeurs potentiels ont très vite émergé, au fil des joutes toujours animées des conseils municipaux. Trois quadras, qui n'en étaient pas à leur premier mandat d'élu : Nicolas Koukas (PC), David Grzyb, ancien du PS aujourd'hui sans étiquette - tous deux appartenant à l'actuelle majorité municipale -, et Cyril Juglaret, chef de file de l'opposition LR-UDI. Comme prévu, ces trois-là seront au rendez-vous de mars prochain. Bien implantés localement, et avec le retrait d'Hervé Schiavetti, peut-être que ces quadras se voyaient déjà en haut de l'affiche, comme aurait chanté Aznavour.

Cela reste possible, mais l'équation, à Arles, s'est passablement compliquée. Les difficultés du dernier mandat, marqué par plusieurs abstentions du groupe PS sur le budget et des divergences de fond entre le maire d'un côté, Nicolas Koukas et David Grzyb de l'autre, n'ont échappé à personne. Le refus d'Hervé Schiavetti d'organiser la consultation populaire sur le devenir institutionnel du Pays d'Arles, en fin d'année dernière, a ainsi laissé des traces. À tel point que Nicolas Koukas cherche, depuis l'annonce de sa candidature, à se démarquer du maire sortant, qui pourtant l'a soutenu publiquement. Hervé Schiavetti ne sera d'ailleurs pas sur sa liste, alors que l'idée avait été un temps envisagée.

Et puis, les quadras arlésiens seront confrontés, comme partout, à l'effondrement des partis traditionnels, depuis 2017 et l'irruption d'En Marche dans le paysage politique. À Arles, les échecs cuisants du PS, de LR et du PC aux Européennes de juin dernier, mais aussi aux législatives de 2017 pour les deux premiers partis, posent question sur la capacité de rebond des candidats représentant ces formations politiques. Et ce, même s'il s'agit d'une élection locale, et non nationale. Autre pierre dans le jardin de ces trois candidats : face à eux, il y aura de la nouveauté.

Portée par la vague Macron et élue en juin 2017 députée de la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône, celle d'Arles, Monica Michel a annoncé à la fin du mois d'août qu'elle serait candidate à la mairie. Si l'étiquette En marche lui apporte un pourcentage de voix équivalent à celui obtenu par la liste soutenue par le parti présidentiel aux Européennes (un peu plus de 16 %), elle sera un des acteurs incontournables d'un scrutin qui voit aussi Patrick de Carolis revenir sur ses terres. Né à Arles, l'ancien président de France télévisions s'est lui aussi lancé dans la campagne, début septembre. Voilà un prétendant plus que sérieux supplémentaire dans la course, ce qui, par ricochet, pourrait aussi faire les affaires du Rassemblement national. Le RN, qui fait figure d'épouvantail pour le premier tour des municipales arlésiennes, au vu de ces derniers résultats électoraux (32,41 % aux Européennes), ne risque pas de souffrir, lui, d'une dispersion de ses voix. Et tout le monde s'accorde à dire qu'il virera en tête, au soir du 15 mars. À condition, toutefois, qu'il trouve sa tête de liste. Ce qui, visiblement, n'est pas si facile que cela...

Ils sont sur la grille de départ

David Grzyb (sans étiquette). Il a été le premier à se lancer dans la course, il y a plus de 18 mois. David Grzyb, conseiller municipal à l'urbanisme, premier vice-président de la communauté d'agglomération Arles Crau Camargue Montagnette, appartient à la majorité Schiavetti. Il part sans étiquette, après avoir quitté le Parti socialiste durant cette mandature.

Cyril Juglaret (LR-UDI). Le conseiller municipal d'opposition, aujourd'hui également conseiller régional (LR), est candidat depuis plus d'un an. Il souhaite incarner la rupture face aux "héritiers" d'Hervé Schiavetti, Nicolas Koukas et David Grzyb.

Nicolas Koukas (PC). Le successeur désigné d'Hervé Schiavetti pour la gauche. Gauche qu'il va chercher à rassembler, ces prochaines semaines. Nicolas Koukas a déjà remporté une élection au suffrage Pversel direct : il a été élu conseiller départemental du canton d'Arles en 2015, en binôme avec Aurore Raoux.

Monica Michel (LaRem). Alors inconnue en politique, celle qui occupait le poste de directrice commerciale au Grand port de Marseille est élue députée La république en marche de la circonscription d'Arles, après un deuxième tout serré face à Valérie Laupies (FN). Candidate aux municipales depuis fin août, elle a obtenu l'investiture du parti présidentiel.

Patrick de Carolis (Sans étiquette). L'ancien président de France télévisions, né à Arles il y a 65 ans, veut s'investir pour sa ville et "incarner le changement". Il a déclaré sa candidature début septembre. Sa condamnation à cinq mois de prison avec sursis et 25 000 € d'amende en 2017 pour favoritisme envers la société Bygmalion, en 2008, lorsqu'il dirigeait France télévisions, peut-elle le desservir ?

[SOURCE / LA PROVENCE]