[ FINANCES - FRANCE ] Sécurité sociale: les comptes plombés par les mesures concédées aux «gilets jaunes»

7 mai 2019 à 8h32 par sarah rios

RADIO CAMARGUE

Si les comptes de la Sécurité sociale ont connu l’an passé un redressement très net, le Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCFiPS) prévoit, dans son projet d’état des lieux annuel dévoilé par les Échos, un déficit en hausse de 3,6 milliards d’euros pour 2019.

Bientôt la fin du «trou de la Sécu»? Pour le Haut Conseil du financement de la protection sociale (HCFiPS) , il semble que l’ambition du gouvernement soit quelque peu compromise. Dans son projet d’état des lieux annuel, que se sont procurés en avant-première Les Échos, le Haut Conseil estime que le régime général de la Sécurité sociale devrait plonger de 3,6 milliards d’euros en 2019. D’ici trois ans, le régime fédéral et le Fonds de solidarité vieillesse demeureraient ainsi déficitaires, avec un solde de 2 milliards d’euros.

En cause, selon le Haut Conseil, le ralentissement conjoncturel ainsi que les mesures d’urgence accordées aux Français par le gouvernement dans l’espoir d’éteindre la contestation populaire issue de la crise des «gilets jaunes». Le coût des mesures d’urgence annoncées le 10 décembre par Emmanuel Macron devrait fortement peser sur les comptes de la Sécurité sociale en 2019, et devrait entraîner un coût de 2,6 milliards d’euros de dépenses supplémentaires non financées cette année. Par ailleurs, il y a de cela deux semaines, Emmanuel Macron a dévoilé une série de mesures issues du «grand débat national», qui devraient avoisiner les 17 milliards d’euros de coût.

Des mesures sociales qui devraient plomber les comptes

En mars dernier, les comptes de la Sécurité sociale dévoilaient un déficit de 1,2 milliard d’euros pour le régime général et le fonds de solidarité vieillesse. Si ce chiffre était quatre fois supérieur au déficit initialement prévu par le gouvernement d’Édouard Philippe, du fait notamment du ralentissement de la croissance au second semestre 2018, il demeurait néanmoins exceptionnellement bas. Avec une réduction de 3,9 milliards d’euros par rapport à 2017, où il avait atteint 5,1 milliards d’euros, le déficit atteignait son niveau le plus faible depuis 2001. Autre fait notable, le régime général retrouvait pour la première fois depuis seize ans un solde positif, avec trois de ses quatre branches excédentaires. Seule l’Assurance-maladie demeure en déficit de 700 millions d’euros.

Si le gouvernement faisait montre d’optimisme face à ces chiffres, prônant notamment que l’équilibre budgétaire de la Sécurité sociale demeurait bientôt atteignable, le Haut Conseil dépeint dans son projet d’état des lieux annuel rédigé fin mars une situation quelque peu alarmante. Les mesures d’urgence dévoilées par le gouvernement en décembre dernier, devraient engendrer 2,6 milliards d’euros de dépenses supplémentaires non financées en 2019, avec près de 1,3 milliards pour l’avancement de l’exonération sociale des heures supplémentaires et 1,4 milliard via l’instauration d’une CSG plus faible pour les retraités gagnant moins de 2 000 par mois. 

Outre les mesures sociales, le Haut Conseil estime que la dégradation de la conjoncture pèsera à hauteur de 1,2 milliard d’euros cette année, et se répercutera ainsi sur la trajectoire pluriannuelle. Dans le détail, le Haut Conseil prévoit également une progression de la masse salariale du secteur privé à l’automne de 3% au lieu des 3,5% attendu. Dans le document, dévoilé dans Les Échos, le Haut Conseil indique également que l’État devrait repenser sa nouvelle politique de transferts financiers de la Sécurité sociale vers l’État et la Caisse d’amortissement de la dette sociale (Cades), et préconise de compenser les exonérations sociales accordées par le gouvernement.