[FAITS DIVERS - JUSTICE]: Mouriès et Maussane, deux villages sous le choc après le drame familial.

12 septembre 2019 à 21h52 par Patrick MONROE

RADIO CAMARGUE

Avenue des Alpilles, à Maussane, et rue d'Aubagne, à Mouriès. C'est là, au coeur de ces deux communes d'ordinaire si calmes, que s'est noué, en deux temps, un drame familial. Hier, en début d'après-midi, un Mouriésen de 78 ans se serait rendu au domicile de sa belle-mère, à Maussane-les-Alpilles. Armé d'un fusil de chasse, il aurait abattu cette dernière, âgée de 95 ans, fortement diminuée physiquement et contrainte de rester dans un lit médicalisé. Selon nos informations, l'homme aurait ensuite tué dans son lit, toujours avec son fusil, son beau-frère, un homme de 69 ans lourdement handicapé après un accident.

Alertés par un occupant des lieux, "un autre membre de la famille qui semblait vivre dans la maison pour s'occuper de ces personnes très affaiblies", a précisé le procureur de la République de Tarascon Patrick Desjardins (qui s'est aussitôt rendu sur les lieux), les gendarmes vont rapidement se diriger vers Mouriès et le domicile du suspect identifié par le témoin. Ils retrouveront, à l'entrée de cette maison située à deux pas de la mairie, l'homme de 78 ans gisant dans son sang, grièvement blessé après avoir vraisemblablement retourné l'arme contre lui. Et, à l'intérieur, le corps de son épouse, 72 ans, abattue alors qu'elle se trouvait aussi dans un lit médicalisé. Encore en vie à l'arrivée des secours, l'homme succombera à ses blessures, malgré les tentatives de réanimation.

"Il a enduré beaucoup de choses dans sa vie, il était sans doute au bout de ses forces"

Des faits terribles, qualifiés de triple homicide par le procureur, hier après-midi. "Tout cela reste à préciser, mais on a trois personnes de la même famille qui ont été tuées et l'auteur présumé des faits a mis fin à ses jours dans les minutes qui ont suivi", a indiqué Patrick Desjardins. Les raisons qui auraient poussé l'homme de 78 ans à commettre l'irréparable ne faisaient guère de doute pour les enquêteurs. "Le contexte, c'est celui d'un drame familial, avec un contexte de maladie manifestement, mais tout cela, l'enquête (confiée à la brigade de recherche de la compagnie d'Arles, Ndlr) cherchera à le préciser", soulignait le procureur.

L'investigation devrait également permettre de déterminer la chronologie exacte des faits. L'auteur présumé a-t-il tué son épouse avant de se rendre à Maussane ou après ? Les opérations de médecine légale devraient permettre aux enquêteurs d'y voir plus clair.

Mais quoi qu'il en soit, ces faits marqueront durement les habitants des deux communes des Alpilles. "C'était une famille au-dessus de tout reproche. Dans la commune de Mouriès, il s'agissait de quelqu'un de très honorablement connu", précisait Patrick Desjardins, en faisant référence à l'auteur présumé des faits, un agriculteur à la retraite. "Je connaissais très bien ce monsieur, c'était quelqu'un de bien. Mais il a enduré beaucoup de choses dans sa vie, il était sans doute au bout de ses forces", confiait, très émue, la maire de Mouriès, Alice Roggiero. "C'était une famille très connue, ils vont laisser un grand vide. Pour le village, c'est un drame, on est vraiment sous le choc...", ajoutait l'élue, alors que la nouvelle tragique commençait à se répandre via le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux.

Un triste précédent à Allauch

Le sentiment d'être dans une impasse, de ne plus pouvoir s'en sortir. Le terrible drame familial qui a secoué Maussane et Mouriès, hier, n'est malheureusement pas un cas unique. Dans la région, un triste fait divers fait penser aux événements d'hier dans les Alpilles.

Au mois de juin 2018, à Allauch, une sexagénaire en situation d'aidante auprès de son mari, atteint de troubles psychiatriques, et de sa belle-mère grabataire, épuisée par cette inextricable situation, avait gravement blessé le premier et tué la seconde à coups de couteau. Aux enquêteurs, elle avait déclaré qu'elle n'avait pas voulu les abandonner.

Pour l'association A3 (Aide aux aidants), il y a là une vraie problématique à résoudre. "La vie d'aidant, si on est isolé, c'est un calvaire", soulignait à l'époque Marie-José Mathieu, gériatre, fondatrice de l'association A3. Avant de préciser que des aides financières existent pour le ménage, les courses...

"Il faut aussi accepter qu'à un moment donné on n'est plus en capacité, physique et/ou psychologique, d'être aidant, et qu'il faut passer la main à des professionnels. Et donc cesser de penser que toutes les maisons de retraite pratiquent des tarifs intouchables, car il existe des lits en aide sociale pour ceux qui n'ont pas les moyens, dans des établissements très bien", ajoutait Marie-José Mathieu.

[source / La provence]