[FAITS DIVERS - JUSTICE]: La fête est finie, les radars reviennent en force.

27 mars 2019 à 10h43 par Patrick MONROE

RADIO CAMARGUE

65 % des radars fixes ont été dégradés ou détruits pendant le mouvement des gilets jaunes dans les Bouches-du-Rhône. Le parc sera bientôt remis sur pied.

Ils ont pris de plein fouet des années d'indignation à leur encontre, eux que d'aucuns accusent d'être les complices d'un racket en bande organisée. Pendant des semaines, les radars - les fixes et ceux dits de "tronçons", pourtant haut perchés et qui mesurent la vitesse moyenne - ont été martyrisés par des gilets jaunes, par leurs sympathisants ou par des ennemis sournois profitant du chaos ambiant pour leur tendre un guet-apens. "Tiens, prends ça, tu crois qu'on est des vaches à lait ?"

On les a recouverts d'autocollants, aspergés de peinture, saucissonnés dans des mètres de plastique, fracassés à coups de massue, et même brûlés vif. "Au niveau national, on est monté jusqu'à 75 % du parc hors service : dans notre département le maximum a été de 65 %", révèle Thierry Rouanet, le chef du bureau de la sécurité routière de la préfecture de police. Soit entre 25 et 30 attaques, parfois réitérées - qui ont pourtant échappé aux interpellations en flag' - sur la quarantaine de radars fixes et de vitesse moyenne qui jalonnent nos routes, dont certaines sont parmi les plus accidentogènes du pays. "À Arles, les pylônes qui portent ces radars en hauteur ont carrément été tronçonnés. Ils sont toujours au sol". Sur l'A50 au niveau de Saint-Menet, dans le sens Marseille-Aubagne, on a comme crevé les yeux de ces machines qui culminent pourtant à environ 5 mètres de hauteur en cassant les globes d'où surgissent ces flashs, quasi indiscutables...

40 000 € le radar fixe... 

C'est une entreprise aixoise qui depuis des semaines remet sur pied, un à un, ces engins au pronostic vital fortement engagé voire carrément à envoyer à la morgue des "pompes à fric". Comptez 40 000 euros pour un radar fixe. La facture nationale se chiffrera en dizaines de millions d'euros, sans compter ce que l'on appelle cyniquement le "manque à gagner" des dizaines de milliers d'infractions non sanctionnées...

Mais la fête est bientôt finie ! Selon nos informations, dans les Bouches-du-Rhône, moins d'une dizaine de radars sont encore hors service, entre autres le radar fixe situé sur l'A51 après Plan-de-Campagne, en direction d'Aix, comme le radar discriminant (qui flashe aussi les poids lourds) planté sur la nationale 113 à Arles et deux autres radars fixes de cette"zone du département très impactée par ces dégradations", assure Thierry Rouanet. "Cela prend un certain temps parce que nous avons attendu fin janvier, date à laquelle les dégradations ont cessé, pour demander le démarrage des réparations qui est piloté depuis le ministère". Le même travail est en cours dans le Vaucluse où 19 des 26 radars fixes ont été tagués, démolis ou brûlés, et dans les Alpes-de-Haute-Provence où la totalité des 13 radars ont été ciblés.

Et il semblerait que certains des usagers s'en soient donné à coeur joie pendant cette période : "Sur 6 ou 7 radars fixes de la région marseillaise, qui malgré les dégradations continuaient de mesurer les vitesses sans pour autant flasher, on a constaté des hausses de 60 % des excès de vitesse. Donc, oui certains se sont lâchés", continue le spécialiste. Certains de ces fangios sont pourtant passés à la caisse puisque si les boîtes métalliques étaient K-O. technique, les policiers et gendarmes étaient eux bien sur le pont : en janvier et février, selon la préfecture de police, 211 contrevenants, contrôlés à plus de 40 km/h au-dessus de la limite autorisée, ont eu leur permis suspendu. Plus du double par rapport à la même période en 2018... Pour autant, ni le nombre de blessés - on connaît même une baisse de 6 % - ni la mortalité - 24 décès au lieu de 26 à la même date l'an dernier - n'ont augmenté dans les Bouches-du-Rhône en l'absence de 65 % du parc des radars. Au niveau national en revanche, au plus fort des dégradations en janvier, une hausse de quasiment 4 % de la mortalité avait été annoncée par le ministère de l'Intérieur..

[SOURCE / LA PROVENCE]