[ Justice ] Quatre ans de prison avec sursis requis contre l’ancien patron des stups
trafiquant de drogue et manquements dans la gestion des opérations antidrogue.
27 septembre 2024 à 12h24 par Camille .
Le tribunal de Lyon attend un jugement après une affaire controversée
Quatre ans de prison avec sursis ont été requis vendredi à l'encontre de François Thierry, ancien responsable des stups, jugé à Lyon pour avoir orchestré une fausse garde à vue d'un trafiquant de drogue recruté comme informateur. Le jugement est attendu ce vendredi après-midi.
Dans son réquisitoire, l'avocat général Vincent Auger a qualifié cette affaire de "catastrophe policière et juridique", soulignant la "dérive déontologique" de François Thierry. Ce dernier a également été soumis à une demande d'interdiction définitive d'exercer une fonction publique, avec effet immédiat.
Jusqu'à la fin de 2015, François Thierry avait mené une carrière "sans tache" en tant que brillant patron de la lutte antidrogue. Cependant, son parcours a pris un tournant dramatique après une livraison surveillée de cannabis qui a abouti à la saisie de sept tonnes de drogue en plein cœur de Paris.
Dans cette affaire, il est accusé d'avoir falsifié un procès-verbal de garde à vue pour justifier l'extraction d'un gros trafiquant de cannabis, Sofiane Hambli, qu'il avait recruté comme informateur en avril 2012. Cette manœuvre a permis à Hambli de surveiller, depuis une chambre d'hôtel, l'arrivée de plusieurs tonnes de résine de cannabis sur une plage espagnole, dans le cadre d'une "livraison surveillée" visant à démanteler des réseaux de revente en France.
Lors des audiences, François Thierry, qui est désormais chargé de la stratégie numérique de la police nationale, a reconnu les faits, y compris la destruction du procès-verbal et des téléphones utilisés pendant l'opération. Cependant, il a nié avoir commis une infraction, affirmant : "Je n'ai pas eu une seconde, et je n'ai toujours pas, le sentiment d'avoir commis un faux." Il a soutenu que l'extraction de Sofiane Hambli avait été "habillée" à la demande du parquet de Paris pour établir un cadre juridique en cas d'accident ou de tentative de fuite.
Plusieurs magistrats impliqués dans l'instruction ont nié avoir été informés de l'ensemble des tenants et aboutissants de l'opération. L'ancien procureur du parquet de Paris, François Molins, a même accusé l'OCRTIS d'avoir fourni pendant des années une "information parcellaire, cloisonnée et déloyale" à ses services.
François Thierry est également soupçonné de "complicité de trafic de drogue" dans l'affaire de la saisie de sept tonnes de résine de cannabis à Paris, sans avoir informé complètement l'autorité judiciaire des modalités de l'opération ni de sa proximité avec l'informateur qu'il gérait directement.