La Commission de régulation de l’énergie (CRE) vient de publier les valeurs de son prix repère de vente du gaz naturel pour mars 2024. Et, bonne nouvelle, elle constate que "les prix de marché atteignent aujourd’hui des niveaux particulièrement bas. Entre février et mars 2024, la part variable hors taxes d’un consommateur type cuisson/eau chaude et chauffage diminue de 4,66 €/MWh, poursuivant ainsi la baisse observable depuis 3 mois. Entre décembre 2023 et mars 2024, la part variable HT a chuté de 17,29 €/MWh." Conséquence, les fournisseurs devraient donc diminuer leurs tarifs, et ainsi le montant de la facture. Jusqu'en juillet prochain du moins.
Car cette baisse des coûts intervient avant la hausse prévue cet été du tarif d'utilisation du réseau de gaz, récemment préconisée par la CRE, pour financer son entretien et les nouvelles infrastructures nécessaires au développement du biométhane. Cette délibération reste en attente de l'avis du Conseil supérieur de l’énergie (CSE).
Pour rappel, le chauffage représente 66 % des consommations énergétiques d’un foyer et la production d’eau chaude sanitaire 11 %.
Une hausse pour entretenir les tuyaux
Difficile de s'y retrouver entre ces annonces contradictoires. L'annonce de cette augmentation peut même surprendre avec un prix repère du gaz en baisse.
Il faut d'abord savoir que l'utilisation du réseau de gaz a un coût. Le prix de l'acheminement de l'énergie est à la charge de GRDF (Gaz réseau distribution France), gestionnaire du réseau, et est facturé aux consommateurs via les fournisseurs. "Ces tuyaux, il faut les entretenir, il faut les remplacer quand ils sont défaillants", a argumenté début février Emmanuelle Wargon, la présidente de la CRE sur FranceInfo.
Concrètement selon la CRE, à partir du 1er juillet, l'impact sur la facture s'élèvera en moyenne à +5,5 %, soit 7,30 euros supplémentaires par mois pour les clients qui se chauffent au gaz, et de +10,4%, soit 2,20 euros, pour ceux qui utilisent le gaz uniquement pour l'eau chaude et la cuisson. Cette hausse va concerner plus de 11 millions de foyers.
Les factures ne devraient pas changer
"Tout le monde consomme moins, donc on répartit le prix de l'entretien des tuyaux sur une consommation plus faible. Comme on a toujours autant besoin des tuyaux et qu'on a la même exigence de qualité et de sécurité, si on répartit les dépenses d'utilisation du réseau sur moins de consommation, forcément consommateur par consommateur, ça fait un tout petit peu plus", a expliqué Emmanuelle Wargon.
"Là, on va payer plus cher pour les tuyaux, mais avec un prix du gaz en baisse. Si le prix du gaz reste là où il est aujourd'hui, entre la facture au 1er décembre dernier et au 1er juillet prochain, le prix sera le même", a-t-elle voulu rassurer.
En prenant en compte ces évolutions, les projections actuelles de la CRE anticipent un prix repère moyen autour de 120 €/MWh (TTC) pour juillet 2024, inférieur d’environ 6 €/MWh au prix moyen de décembre 2023 (y compris avec les hausses annoncées sur les tarifs d’infrastructures).
Cette augmentation survient après la fin du bouclier tarifaire sur le gaz le 30 juin 2023 dernier, qui a déjà engendré une hausse des taxes. Selon la CRE, l’augmentation du tarif réglementé de vente de gaz a été de 63 % depuis le 1er janvier 2005.