[ INFO - MARTIGUES ] "TOO GOOD TO GO" - L'APLLICATION ANTI GASPI GAGNE DU TERRAIN

27 février 2019 à 14h58 par sarah rios

Pour 2 euros, un "too good to go" de l'hôtel Ibis. De quoi éviter le gaspillage de toutes ces viennoiseries, et de se faire plaisir à petit prix. Photo E.G.


Utiliser son smartphone pour faire des économies, tout en limitant le gaspillage alimentaire. C'est le principe de l'application "too good to go"("trop bon pour partir"), dont l'utilisation ne fait que se répandre dans de nombreux commerces, ici comme ailleurs. Le principe est simple : plutôt que de jeter, les commerçants (boulangers, restaurateurs, primeurs...) vendent ce qui pourrait leur rester sur les bras à prix réduit. Ils le mettent en ligne sur cette application simple à utiliser, et le consommateur peut alors, en quelques clics, réserver son panier. Pour des prix variant en général de 2 à 8€, il passe ensuite prendre livraison de son colis à l'heure indiquée par le commerçant. Simple et ingénieux, l'application prenant au passage un pourcentage lui permettant d'assurer son développement. D'abord utilisée dans les grandes villes, l'application a tendance à gagner du terrain.


À Martigues, c'est l'hôtel Ibis, rond-point de l'hôtel de ville, qui détient la palme de l'ancienneté sur ce terrain. "On y a recours depuis plusieurs mois, témoigne une employée, à l'accueil. Ce que nous proposons est issu des restes du petit-déjeuner". Et tout dépend donc de l'affluence, comme de l'appétit des clients : si les viennoiseries font couramment partie du "package", on peut aussi, suivant les jours, repartir avec des pâtisseries, du fromage ou de la charcuterie. "Le nombre varie tous les jours, la composition aussi." Le panier est proposé à 2€ (pour une valeur de 10), et le consommateur doit passer le chercher entre 10 et 13 heures. "Au début, on n'avait que des habitués, témoigne Estel. Maintenant, les gens viennent de partout !" Et les paniers de viennoiseries partent comme des petits pains. Si les boulangeries Ange à Istres ou Fos sont des habitués de l'application, avec des paniers à récupérer le soir, avant la fermeture, pour 4€ (pour une valeur de 12), d'autres nouveaux venus jouent le jeu. C'est le cas de la pizzeria Balletto, à l'entrée de la zone de Saint-Mitre-les-Remparts. Le prix affiché est de 3,99€ (pour la même valeur que chez Ange, soit 12€), mais là, il faut passer plus tard, entre 22h15 et 22h45. On y récupère des invendus du jour, dont des morceaux de pizzas de toutes sortes, forcément plus nombreux en fin de semaine lorsque la clientèle se fait pressante. De quoi casser une croûte à petits prix avant d'aller se coucher, ou de faire des provisions pour le lendemain, les pizzas retrouvant une seconde jeunesse une fois passées au four. 


De façon plus inattendue, on trouve aussi sur l'appli les plats cuisinés de "la bastide des Joncas" à La Couronne, et en allant un peu plus loin, on peut trouver de quoi se restaurer à la caféterie d'Ikea, à Vitrolles, ou à l'hôtel Pullman de l'aéroport. Plus au nord, c'est Miramas qui s'affirme comme un haut lieu de ce type de consommation, avec deux adresses au village des marques (le Starbuck, et le "Bistrot Provence"), ou encore "Frangine & chocolat", une pâtisserie implantée en plein centre-ville, place Jourdan. Nadège et Sonia y ont longuement cherché comment, "ne plus jeter nos invendus, avance Nadège, car c'est un crève-coeur de travailler avec passion, pour ensuite jeter. C'est le chocolatier Valrona qui nous a fait connaître Too good to go et franchement, c'est avec plaisir que le jeudi et le samedi, nous faisons profiter des clients de nos invendus". À condition de l'avoir payé au préalable et de s'y prendre tôt : les paniers sont réservés en quelques minutes. Peu à peu, cette application maline gagne du terrain. Une success-story (parisienne) qui arrange tout le monde, c'est assez rare pour être souligné.


Stop au gaspillage alimentaire


Dix millions de tonnes de nourriture sont jetées chaque année en France, soit 20 tonnes par minute, 317 kg chaque seconde... et cela coûte 16 milliards d'euros par an. C'est tout simplement dommage... Cette réflexion a certainement traversé l'esprit de Lucie Bash fondatrice de "Too good to go", en passant un soir devant une boulangerie qui jetait ses invendus. Quelque temps plus tard, elle imagine un processus qui permet à chacun de s'engager contre le gaspillage alimentaire à son échelle. L'application "Too good to go" est née. Elle permet aux commerçants de ne plus jeter, aux bénéficiaires de consommer à moindres frais, et l'environnement s'en porte mieux. Triplement gagnant, et si simple qu'on se demande pourquoi on n'y a pas pensé avant. Au total, c'est 4 156 753 repas sauvés en France, 8 314 tonnes de CO2 économisées. Car, ce ne sont pas juste les aliments qui sont gaspillés, mais toutes les ressources qui ont permis leur production : de l'eau aux terres cultivables, en passant par le travail, l'énergie et tout le reste.



[ SOURCE : LA PROVENCE ]