Arles : la manade Chauvet est-elle menacée de disparition ?

15 mars 2018 à 9h34 par Patrick MONROE

RADIO CAMARGUE

La problématique de la succession de la manade Chauvet était, depuis longtemps, un sujet de discussion récurrent dans le monde de la bouvine. Notamment après le décès de Maryse Chauvet en mai 2017, puis plus récemment à la suite de la décision de la Safer relative à l'attribution de la manade.

C'est finalement dimanche, lors du 73e Congrès de la fédération de la course camarguaise à Châteaurenard, que "l'affaire" a été mise sur la place publique. En l'occurrence, par le député Bernard Reynès qui a déclaré : "Je m'inquiète de ce qui se passe concernant la manade Chauvet qui constitue quand même un fleuron de notre patrimoine : j'apprends qu'un éleveur de moutons veut s'y installer. Je vais écrire dans les jours à venir à la Safer et j'ai demandé à de nombreux maires de co-signer cette demande car il y a une personne qui désire reprendre le flambeau. Il faut favoriser cette transmission plutôt que de lui mettre des bâtons dans les roues."

Le surlendemain, l'élu réitérait son inquiétude sur sa page Facebook, soulignant son "incompréhension quand j'apprends un risque d'éradication pur et simple de cette 'institution' phare de notre territoire. Je ne peux admettre qu'une de nos plus anciennes et importantes manades disparaisse de nos yeux." Un post qui a suscité de très nombreux messages de "soutien à la manade Chauvet". Mais qu'en est-il réellement ? La manade Chauvet pourrait-elle disparaître comme beaucoup le pensent ?

Le noeud de l'affaire : la Safer (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural) Paca qui, le 28 février dernier, choisit, pour le rachat de la manade Chauvet, le dossier de Julien Roux, éleveur de brebis et de vaches à Arles. Face à lui : le dossier de Frédéric Tibério, agriculteur à Saint-Martin-de-Crau. Lequel ne décolère pas et parle d'une "injustice". "Je suis gardian amateur depuis des années, j'ai monté dans pas mal de manades", lance ce passionné de course camarguaise.

"En octobre 2016, mon épouse et moi-même avions rencontré Maryse Chauvet. Elle nous avait dit qu'elle n'était pas pressée de vendre, elle voulait surtout choisir la personne qui prendrait la tête de sa manade. On s'est par la suite rencontré plusieurs fois. Elle souhaitait faire une dernière saison, à l'issue de laquelle elle nous vendait la manade." Entre-temps, Maryse Chauvet disparaît. "En novembre 2017, nous nous sommes mis d'accord avec les héritiers sur le rachat de la manade. Ensemble, nous avons signé un protocole d'accord dans lequel je me suis engagé à m'occuper de la manade jusqu'à l'affectation de la Safer. Ce que j'ai fait. Nous voulions faire briller à nouveau les taureaux de Chauvet, continuer l'histoire de cette grande manade.Avec les héritiers de Maryse Chauvet, nous sommes allés rencontrer la Safer pour présenter notre projet." En janvier, Julien Rouxse positionne. Le 28 février dernier, la Safer choisit son dossier. Et Frédéric Tibério de dénoncer "un appui d'élu" qui aurait bousculé le vote. "Alors que ce n'est pas quelqu'un du milieu. Nous ne nous sommes pas battus à armes égales", estime-t-il.

Source : La Provence (Julia Razil)